Intervention de Nicolas Dupont-Aignan

Séance en hémicycle du 8 juillet 2015 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur la situation de grèce et les enjeux européens

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Dupont-Aignan :

La France s’honorerait de proposer cette solution qui sauverait la Grèce et rassurerait les contribuables. Mais vous ne le voulez pas, pour des raisons idéologiques et non pas économiques ! L’euro n’est qu’un moyen pour vous d’imposer une supranationalité autoritaire et inefficace que rejettent les peuples. Cette supranationalité, conséquence de la zone euro, permet aux salariés des zones les moins compétitives d’aller travailler en Allemagne, la zone la plus compétitive, et, en contrepartie, à l’Allemagne de verser des dizaines de milliards d’euros aux autres pays. Or les Grecs, les Italiens, les Français n’ont pas vocation à travailler en Allemagne, et les Allemands n’ont pas vocation à déverser des dizaines de milliards d’euros dans les autres pays.

Comme le disait le général de Gaulle, on ne fait pas une omelette avec des oeufs durs ! L’entente européenne ne peut pas procéder, comme vous l’avez sans doute tous rêvé, d’une fusion mais seulement d’un partenariat entre nations libres, entre démocraties vivantes, autour de projets communs.

En vérité, vous ne voulez surtout pas d’une sortie de l’euro, de peur d’ouvrir le chemin aux autres nations, qui retrouveraient leur liberté économique. Les Européens vont découvrir que le chaos annoncé, à grand renfort d’imagination, était excessif. Ils vont comprendre les bienfaits d’une monnaie qui correspond à la productivité du pays, comme le comprennent tous les jours les Anglais, les Danois, les Norvégiens, les Polonais et d’autres : ils vont comprendre l’intérêt d’une sortie de l’euro.

Aujourd’hui, le choix est très simple. Soit vous continuez à ânonner « L’euro ! L’euro ! L’euro ! », et les nations européennes vont toutes s’appauvrir un peu plus – à l’exception de l’Allemagne, qui en profite – et se déchirer toujours un peu plus, minant ainsi la construction européenne ; soit vous organisez la fin de cette zone euro en passant de la monnaie unique à la monnaie commune, et l’on pourra sauver l’Europe.

Pour conclure, il ne s’agit en rien d’un retour en arrière ou d’un repli sur soi, mais simplement du refus lucide de continuer à se taper la tête contre les murs. Quand on est dans une impasse économique et monétaire, il faut savoir prendre un autre itinéraire : cela n’a rien de déshonorant !

À l’égarement dans le mythe dangereux d’une Europe supranationale qui ne marche pas car les peuples n’en veulent pas – à chaque fois qu’ils sont consultés, ils disent « non » ! –, je préfère la construction concrète d’une Europe des nations, des démocraties et des projets à la carte. Voilà la question fondamentale posée aujourd’hui par cette crise de l’euro : nous n’en sortirons pas par des incantations !

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