Intervention de Jean-Yves le Drian

Réunion du 18 février 2014 à 19h00
Commission des affaires étrangères

Jean-Yves le Drian, ministre de la défense :

Je souscris aux analyses de M. Charasse.

La stratégie restera inchangée, monsieur Assouly. Nos troupes ont installé, dans le cinquième arrondissement de Bangui, des abris sécurisés afin d'inciter les réfugiés à quitter l'aéroport de M'Poko. L'arrivée de l'EUFOR-RCA et le renforcement des capacités opérationnelles de la MISCA permettront à nos soldats de se consacrer à ce type d'opération, quartier par quartier, et de se projeter ailleurs ; dans l'Ouest, ils sont déjà établis à Bouar, à Bossembélé, à Yaloké, à Bossangoa, à Mbaïki et à Berbérati. Les effectifs sont d'ailleurs modestes : à Mbaïki, la présence de deux sections, épaulées par des forces congolaises, a suffi pour assurer le retour au calme, lequel reste ensuite suspendu, bien sûr, au rétablissement de l'État, notamment à travers les forces de gendarmerie et l'appareil judiciaire.

L'Union européenne a jusqu'à présent engagé 360 millions d'euros : 75 millions sont dévolus au financement de la MISCA – ce qui permet de payer les salaires des soldats, mais pas l'équipement –, 225 millions à l'aide au développement et 62 millions à l'aide humanitaire. S'y ajoutera le budget dédié à l'EUFOR-RCA, dont le dispositif « Athena » couvrira une partie, notamment pour les infrastructures. On m'apprend d'ailleurs à l'instant que les Britanniques ont décidé, cet après-midi, de ne plus bloquer le processus de financement des infrastructures – en ce domaine, je rappelle que l'unanimité est requise.

S'agissant du calendrier, la perspective est la mise en oeuvre d'une opération de maintien de la paix. Jusqu'à une période récente, l'Union africaine y était réticente, pour ne pas dire plus, et plusieurs chefs d'État de la région s'y opposaient. Mme Samba-Panza en a cependant formulé la demande auprès des Nations unies, et notre diplomatie plaide également pour cette avancée. Le secrétaire général de l'ONU remettra un rapport sur le sujet à la fin du mois de février, et le Président Déby a déclaré, lors de sa venue à Paris la semaine dernière, qu'il ne s'opposait pas à une telle opération.

Quant à nos forces, elles n'ont pas vocation à rester durablement sur place ; même si elles pourront bien entendu appuyer la mise en place d'une opération de maintien de la paix, l'interposition n'est pas leur mission première.

La reconstitution des FACA est nécessaire, mais il faudra veiller à ce que les volontaires déclarés les réintègrent effectivement.

Quoi qu'il en soit, la question la plus immédiate est de savoir comment assurer le paiement des fonctionnaires dès la semaine prochaine. Plusieurs pays ont annoncé une contribution financière ; il faut maintenant que ces annonces se traduisent dans les actes.

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