Intervention de Jean-Yves le Drian

Réunion du 4 juin 2014 à 10h00
Commission des affaires étrangères

Jean-Yves le Drian, ministre de la défense :

Les principes qui sous-tendent l'accord conclu à Ouagadougou demeurent mais le délai de soixante jours après la mise en place du nouveau gouvernement fixé pour la reprise des négociations n'a pas été respecté. Le Président de la République, M. Laurent Fabius et moi-même avons plusieurs fois insisté auprès du Président Ibrahim Boubacar Keita sur la nécessité d'engager la négociation avec l'ensemble des groupes armés signataires (GAS) de l'accord.

L'agglomération de Kidal, bien que peu peuplée, a, de tout temps, été un lieu de passage et aussi de trafics. Nous avons obtenu que les GAS y soient cantonnés. Mais, à ce jour, il n'y a eu à Kidal ni démobilisation, ni désarmement, ni réinsertion. C'est pourtant ainsi, monsieur Gaymard, que l'on réglera la question touareg : en intégrant les Touareg dans un processus politique incluant une forme de décentralisation, et, une fois le désarmement acquis, en engageant un plan de développement socio-économique du Nord du Mali, ce qui n'a jamais été fait. Cela est regrettable car cela peut inciter des jeunes gens sans perspectives à se laisser tenter par de méchantes aventures.

Nous sommes favorables à ce que l'initiative de médiation algérienne se poursuive. C'est celle qui nous paraît la plus aboutie, les Algériens ayant pris soin de consulter l'ensemble des chefs des États voisins, le Maroc excepté, pour obtenir leur accord sur la plateforme de discussion qu'ils proposent. Ils ont obtenu cet accord, ainsi que celui du Président Ibrahim Boubacar Keita.

Je ne peux vous apporter pour l'instant d'autres précisions sur l'enquête relative à l'assassinat des deux journalistes de RFI. Au sujet de M. Serge Lazarevic, toujours retenu en otage, je ne vous dirai rien ; la discrétion doit prévaloir.

J'ai demandé à mon homologue américain de bien vouloir expliciter les propos tenus par le président Obama à West Point, monsieur Poniatowski, et je le lui demanderai à nouveau demain. Mais, déjà, les États-Unis nous soutiennent activement dans la bande sahélo-saharienne, singulièrement en matière de renseignement, domaine dans lequel la synergie est totale. L'ordre du jour de la réunion de ministres de la défense de l'OTAN était plutôt orienté vers l'Est de l'Europe, l'Ukraine en particulier, mais j'ai rappelé les fragilités du flanc Sud. Nos échanges ont aussi porté sur la situation en Libye.

Vous avez fait état d'un sentiment antifrançais. Il est le fruit d'un malentendu. Notre mission est le contre-terrorisme. Il n'est pas de notre responsabilité de régler les discordes entre Maliens, et nous ne devons pas y mettre le doigt ; si, à Kidal, nous avons assuré la protection du Premier ministre Moussa Mara, c'est que ses propres troupes n'y parvenaient pas. Des manifestations antifrançaises ont eu lieu parce qu'après l'échec essuyé par les troupes maliennes à Kidal, on a reproché à nos soldats de ne pas avoir riposté au MNLA – mais ce n'est pas leur rôle.

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