À MM. Lefevbre et Lamour, je dirai que je suis conscient que cette LPM est une loi d'équilibre et qu'il faut que l'ensemble des pièces du puzzle soient au rendez-vous pour assurer cet équilibre – dont font partie les ressources exceptionnelles. Le Président de la République s'est engagé en Conseil de défense sur l'ensemble financier de la LPM – à savoir 190 milliards d'euros 2013 jusqu'en 2019, avec une actualisation par année. Parmi ces 190 milliards figurent 6,1 milliards de ressources exceptionnelles, sous les différentes rubriques que j'ai énumérées à M. Candelier tout à l'heure – dont les cessions d'actifs. Ce n'est pas une nouveauté : des cessions de titres de Safran et d'EADS ont permis d'alimenter – avec d'autres – le financement du PIA, qui nous permet lui-même de financer le budget de la défense pour 2014. Je n'ai pas de position doctrinale sur le sujet, en dehors de la préservation des intérêts industriels stratégiques du pays. La clause de revoyure nous permettra de nous assurer que la trajectoire des ressources exceptionnelles est conforme à la prévision. C'est ce que j'ai répondu hier soir au sénateur Jacques Gautier – qui l'a bien compris.
Vous avez raison, monsieur Lamour : chaque euro compte, ce qui appelle de notre part à tous la plus grande vigilance.
J'en viens au financement des ressources exceptionnelles en 2014. Le PIA sera donc mobilisé à hauteur de 1,5 milliard, et le produit des cessions immobilières à hauteur de 200 millions – ce qui correspond aux chiffres enregistrés en 2013. Il ne s'agit pas seulement de l'immeuble de l'îlot Saint-Germain, situé à côté de l'Hôtel de Brienne, mais d'abord d'autres sites susceptibles d'être vendus. Le chiffre de 200 millions d'euros me paraît donc réaliste. Pour mémoire, nous l'avons fixé à 600 millions d'euros sur la durée de la LPM. Le principal souci que nous risquons de rencontrer est celui du calendrier. L'ensemble de ce qui nous est proposé permet d'assurer le financement des ressources exceptionnelles. Le problème est celui du délai dans lequel elles seront mobilisables – je pense en particulier à la vente de la bande de fréquences 700 mégahertz. Je dois donc me préoccuper dès à présent du budget 2015 – ce qui exige une opiniâtreté dont les Bretons ne manquent pas (sourires).
Nous n'avons rien vendu aux Allemands, monsieur Dhuicq. Nous avons une industrie de défense de grande qualité, capable de répondre aux besoins de nos forces, mais aussi d'exporter. En 2012, ses exportations ont atteint 4,8 milliards d'euros. Elles seront sensiblement supérieures cette année. Notre industrie de défense jouit d'une image très favorable dans de nombreux pays. C'est également vrai pour le matériel de l'armée de terre, qu'on a parfois tendance à considérer à tort comme moins performant. Nous avons aujourd'hui des contacts très intéressants – voire certains résultats – pour les canons Caesar et les véhicules blindés de combat d'infanterie (VBCI).
S'agissant de la déflation des effectifs de soutien, je dis simplement que nous entendons faire en sorte que la déflation pour le ministère s'opère aux deux tiers hors des unités opérationnelles, c'est-à-dire touche l'ensemble de l'organisation de l'appareil de défense, de l'administration centrale, des directions, des services ou des états-majors. J'ai ainsi décidé de supprimer les états-majors de soutien défense (EMSD), qui constituaient de l'avis général un échelon intermédiaire de trop. Simplifier le soutien est essentiel, non seulement en termes de capacités financières mais aussi en termes d'efficacité et pour le bien-être de nos militaires. J'effectue chaque semaine une visite complète dans les forces, de la chambrée aux champs de tir. Je constate qu'il existe de vrais problèmes d'articulation entre les unités opérationnelles et les bases de défense, auxquels nous devons remédier. Il est invraisemblable que l'on ne parvienne pas – comme je l'ai vu – à obtenir des rideaux pour une chambrée ! Je vérifie aussi ce genre de détails.