Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mes chers collègues, il est très positif d’organiser ce débat et ce vote, même s’il aurait peut-être été préférable qu’ils intervinssent après le vote du Parlement grec, qui aura lieu ce soir, afin que nous soyons complètement informés de la position finale d’Athènes.
L’Europe doit beaucoup à la Grèce : une civilisation, une culture, la démocratie. Cependant, certains États ont cherché à l’évincer de la zone euro, pour sanctionner sa gestion économique et l’ampleur de sa dette. Pourtant, ce Grexit aurait comporté des risques très importants, engagé un processus de déstructuration de la zone euro et nui à la crédibilité de la monnaie commune. C’eût été oublier que dans une mondialisation économique dominée par deux États-continents, la Chine et les États-Unis, les pays européens ne peuvent faire face qu’en restant unis. Le maintien de la Grèce dans la zone euro n’aurait pas été possible, en effet, sans le soutien de la France, sans l’action déterminée et volontaire du président François Hollande, qui a su convaincre, concilier et fédérer, face à certains partenaires qui prônaient la sortie – ou plutôt l’expulsion – de la Grèce hors de la zone euro, au nom du dogme libéral et de l’orthodoxie budgétaire.
Ces États, Allemagne en tête, accablaient de reproches Alexis Tsipras, accusé de tous les maux de la Grèce ; pourtant, il ne dirige ce pays que depuis cinq mois : l’échec économique et financier ne lui est donc pas imputable, mais à ses prédécesseurs, c’est-à-dire aux hiérarques des partis traditionnels. Par ailleurs, certains dirigeants allemands manquent de mémoire ; sinon, ils se rappelleraient que leur pays a bénéficié en 1953, huit ans seulement après la fin de la guerre, d’une très forte réduction de sa dette – réduction qu’ils refusent aujourd’hui à la Grèce avec une certaine arrogance.