Intervention de Audrey Linkenheld

Réunion du 1er juillet 2015 à 16h30
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAudrey Linkenheld :

J'ai une observation et une question. Je partage en effet l'analyse que vous avez faite, à savoir qu'il faut à la fois encourager la reconnaissance de l'apprentissage non formel et informel à travers notamment la validation des acquis de l'expérience comme on le dit en France – c'est plus parlant pour nous que la validation des acquis de l'apprentissage non formel et informel –, et ne pas renoncer à l'apprentissage académique. J'ai eu l'occasion de lire récemment un rapport comparatif sur l'apprentissage en France et en Allemagne qui montre que la proportion de décrocheurs est la même dans les deux pays et que ce n'est donc pas par ce biais-là que l'on arrive à opérer du raccrochage, quand bien même l'Allemagne aurait quelques longueurs d'avance sur nous en matière d'apprentissage. La vraie différence se fait sur ce qu'on appelle la qualification intermédiaire. En France, nous faisons l'expérience de l'apprentissage, et, malheureusement - parce que j'en ai moi-même fait l'expérience -, davantage dans l'enseignement supérieur que dans les autres catégories même lorsque l'apprentissage augmente. En Allemagne, si l'apprentissage est fort, c'est parce qu'il se situe essentiellement au niveau de l'équivalent des bacs professionnels chez nous, c'est-à-dire ni dans les CAP ni dans l'enseignement supérieur, mais là où il y a une réelle plus-value sur le marché du travail. Or les décrocheurs ne sont les premiers bénéficiaires de l'apprentissage ni chez nous ni chez eux. Il ne faut donc pas se tromper d'enjeu. On peut essayer de les raccrocher par le non formel comme par le formel, de les raccrocher à l'académique par le non formel mais il ne faut surtout pas renoncer à l'apprentissage académique.

Au-delà de cette observation, ma question serait de savoir comment la France pourrait être pionnière dans ce domaine de l'éducation et la formation tout au long de la vie que vous avez évoqué. Cela me fait penser à la problématique de la sécurisation des parcours professionnels et à ce qu'on est en train d'essayer de mettre en place avec le compte personnel d'activité qui est l'étape suivante du compte individuel de formation. Cette question de la sécurisation des parcours ne se pose en effet pas uniquement en France mais également dans d'autres pays européens où l'on fait le constat qu'on change de métiers plusieurs fois au cours de sa vie. Comment la France peut-elle, à travers l'avance qu'elle a pris avec la VAE, être le fer de lance d'une reconnaissance plus globale à l'échelle européenne d'une sécurisation des parcours professionnels ? Par exemple dans un équivalent du compte personnel d'activité dans lequel chaque citoyen trouverait son droit à la formation, ses droits chômage, la reconnaissance de la pénibilité de son travail - qui existe dans d'autres pays -, bref tout ce qui permet à un individu, qu'il ait ou non bénéficié d'une formation initiale, de sécuriser son parcours et de se rattraper comme il le peut par une formation, académique ou non.

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