Intervention de Jean-Bernard Lévy

Réunion du 15 juillet 2015 à 11h30
Commission des affaires économiques

Jean-Bernard Lévy, président du groupe électricité de France :

En prenant le contrôle d'Areva NP, fournisseur de réacteurs, EDF se place-t-elle dans une situation d'ambiguïté vis-à-vis de ses concurrents ? Ce n'est pas mon opinion, et ce pour deux raisons. Tout d'abord, ceux qui ont remporté les compétitions les plus récentes sont justement organisés de cette manière : à Abu Dhabi, c'est le cas d'un groupe coréen, qui est à la fois l'équivalent d'EDF, un électricien qui produit et vend de l'électricité, et d'Areva, un fournisseur de réacteurs nucléaires. L'industriel russe Rosatom est également le résultat d'une intégration entre un fournisseur d'électricité et un producteur de centrales. Il en est de même pour CGN, le partenaire historique d'EDF en Chine. Les opérateurs électriques qui font confiance à ce type de structures ne pensent pas qu'en achetant un réacteur ils achètent quelque chose à leurs concurrents électriciens.

La situation d'EDF est particulièrement claire à cet égard. Nous sommes présents dans deux pays en tant qu'opérateurs de centrales nucléaires : en France – avec cinquante-huit réacteurs – et en Grande-Bretagne – quinze réacteurs. Dans chacun de ces deux pays, nous sommes le seul à produire et à fournir de l'électricité nucléaire ; nous n'avons pas de concurrent qui pourrait se poser la question d'acheter un réacteur à Areva.

Je suis donc très confiant quant au fait que la situation géographique comme l'organisation structurelle de l'industrie permettent à EDF d'être à la fois dans son coeur de métier et, par le biais d'une filiale, Areva NP, de fournir des centrales nucléaires. La vocation de cette filiale est d'être autonome, d'avoir son propre management, et certainement sa propre marque. Il ne s'agit pas d'un rafistolage, madame Batho : nous allons jusqu'au bout de l'analyse car il s'agit d'un changement structurel important. Pour la première fois en France, il existera une unité de pilotage stratégique. Les grandes décisions seront prises à l'intérieur d'un groupe EDF où il n'y aura plus de discordances comme vous en avez connu pendant des années.

EDF a effectivement souhaité, et c'est ce qui a été décidé, être majoritaire, de façon à écarter tout risque de dissonance au sein de la filière et à éviter qu'EDF ne puisse pas contrôler convenablement l'argent qu'elle placera dans cette société – M. Baupin parlait du risque d'être pris dans un engrenage. Il est important pour nous d'avoir convaincu que c'est là le bon mode de fonctionnement.

Le prix doit faire l'objet d'une présentation aux organes sociaux d'Areva et d'EDF. Je ne commenterai donc pas le sujet à ce stade, mais vous imaginez bien que, si je vous dis que le dossier sera bouclé à la fin du mois, c'est que je n'ai pas de doutes sur cet aspect, évidemment central, des négociations.

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