Engie, si elle le souhaite, pourrait être associée selon différents scénarios. Pour l'instant, les choses n'ont pas été évoquées en détail avec cette société, mais EDF ne pratique aucun ostracisme vis-à-vis d'Engie. Nous sommes ouverts à toutes les discussions.
Le Gouvernement britannique, pour des raisons de sécurité d'approvisionnement électrique, souhaite qu'Hinkley Point soit mis en place en 2023 ; or, au vu des travaux préliminaires, il est loin d'être certain qu'un EPR nouveau modèle puisse être connecté au réseau à cette date. Il serait totalement irréaliste de chercher à le convaincre du contraire. Il nous reste encore plusieurs années de travaux d'études détaillées, pour nous assurer que nous serons capables de gagner en compétitivité et obtenir l'accord définitif des autorités de sûreté avant d'engager un chantier ; nous préférons tenir les délais avec un projet pratiquement bouclé plutôt que nous lancer dans une substitution de dernière minute beaucoup trop risquée.
Le tour de table sera français, même si la participation chinoise doit être importante. La déclaration commune entre la France et la Chine décrit précisément la collaboration entre les deux pays. L'idée est d'installer en Grande-Bretagne quatre EPR, les deux premiers étant ceux d'Hinkley Point. Le troisième sera un produit à 1 000 mégawatts basé sur un réacteur chinois, Hualong, dont la construction vient à peine de commencer en Chine – l'autorité de sûreté chinoise vient de donner son accord. Parallèlement, une autre coopération bien connue entre Areva et le groupe japonais Mitsubishi, porte sur un autre produit à 1 000 mégawatts, appelé ATMEA, qui fait l'objet d'un projet déjà assez avancé, sur le territoire turc. Ces projets nous permettront de faire valoir les mérites de chacun pour l'industrie française. Nous sommes, en revanche, encore en train d'étudier la question de la durée d'amortissement et je ne peux donc apporter de réponse précise sur ce point.
Une analyse globale du marché de l'énergie nucléaire doit inclure l'analyse du retraitement. EDF joue tout son rôle en assurant plus de 90 % de la charge de La Hague. Nous avons, je l'ai dit, signé un accord commercial avec Areva pour les trois années qui viennent. Il y a de même des perspectives avec les Japonais, car les centrales nucléaires redémarrent ces jours-ci au Japon, ainsi qu'avec les Chinois : la déclaration commune franco-chinoise fait allusion au projet de création d'une filière du retraitement en Chine, où l'industrie française jouera son rôle. Il faut voir tout cela, vous avez raison, dans une analyse globale. C'est précisément dans ce but que, tout en transférant sous une responsabilité unique le monde des réacteurs en France, nous travaillons à un partenariat stratégique pour qu'EDF et Areva aient les outils, les organismes de gouvernance et les réflexes qui nous permettront de faire en sorte que tous ces sujets soient traités ensemble au lieu de nous regarder comme chien et chat, comme cela a été le cas pendant plusieurs décennies.