Ce fait est incontournable. Les politiques d’intégration ne sont nécessaires, depuis une quinzaine d’années, que parce que se pose le problème de l’intégration, dû à la montée de ce qu’il est convenu d’appeler les communautarismes. On tend à l’oublier, mais le phénomène ne repose pas sur les seules populations immigrées : il est tributaire de la façon dont notre société elle-même tend ou non à intégrer en offrant un avenir partagé et il est sans doute également tributaire de la façon dont notre société se voit. C’est là un intérêt majeur de ce projet de loi.
Je le disais en commençant, nous avons dans ce pays la volonté de faire vivre la République dans toutes ses dimensions, qu’il s’agisse des dispositifs d’intégration, certes toujours perfectibles et que nous tendons encore à perfectionner, ou de la fermeté requise vis-à-vis de l’immigration illégale. Je pense que la loi que nous voterons en 2015 restera, et il faut vous en féliciter, monsieur le ministre, comme tous ceux de nos collègues qui y ont étroitement participé, en particulier le rapporteur, la responsable du groupe et le groupe tout entier, comme un marqueur de la volonté du Gouvernement et du législateur d’affronter les réalités, quelles qu’elles soient.
Car nul ne s’y trompe : c’est tout autant de la société française que de ses étrangers qu’il est ici question. Comme l’a dit Ernst Robert Curtius, grand penseur franco-allemand de l’entre-deux-guerres : si la France a pu s’identifier à des idéaux universels, c’est en amalgamant des apports spécifiques, ceux qui, issus du dehors de ses frontières, ont su la modeler de l’intérieur. Nous avons, je crois, tous lieu d’en être fiers.