Intervention de Boinali Said

Séance en hémicycle du 20 juillet 2015 à 21h30
Droit des étrangers — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBoinali Said :

Madame la présidente, chers collègues, député de Mayotte, je tiens à saluer le déplacement à Mayotte d’Erwann Binet, rapporteur de ce texte, au mois de juin dernier afin d’évaluer la réalité locale. Il a pu avoir confirmation de ce que les Mahorais disent depuis longtemps : la pression migratoire que subissent nos îles est perçue comme démesurée pour une population de résidents en situation régulière d’un peu plus de 200 000 habitants. En 2012, Mayotte comptait vraisemblablement 60 000 clandestins avec 7 000 naissances annuelles, parmi lesquelles 65 % à 75 % seraient issues de l’immigration clandestine. Cette pression migratoire est donc sans commune mesure avec l’immigration que connaît la métropole.

L’immigration clandestine à Mayotte s’explique principalement par sa géographie et son histoire commune avec les îles voisines. La situation est connue : chaque jour ou presque des kwassas-kwassas en provenance des Comores arrivent à Mayotte, s’échouent sur nos plages ou s’abîment en mer. Ceux de leurs occupants qui échappent au naufrage en pleine mer et à une arrestation viennent grossir les rangs des immigrés en situation irrégulière à Mayotte qui cherchent une vie meilleure mais se heurtent vite à la réalité d’un territoire qui, bien que français, n’a pas grand-chose à leur offrir.

Mayotte, en effet, souffre d’une situation économique et sociale tendue caractérisée par des difficultés structurelles. Trop d’immigrés souhaitent s’installer sur un territoire fragile qui lutte pour sortir de la pauvreté et se développer afin d’offrir aux nouvelles générations une vie meilleure que celle de leurs parents.

La situation est encore plus dramatique pour les enfants abandonnés par leurs parents lorsque ceux-ci sont arrêtés et expulsés et qu’ils ne déclarent pas l’existence de ces enfants aux autorités afin que ces derniers puissent rester à Mayotte. Le service de l’aide sociale à l’enfance ne parvient pas à prendre correctement en charge tous ces enfants en déshérence, abandonnés de fait à leur sort avec souvent, malheureusement, la délinquance pour seul avenir.

Enfin, si je souscris à la prudence exprimée par beaucoup quant à l’extension à Mayotte du champ d’application du CESEDA et que j’entends les arguments qui expliquent les exceptions prévues par l’ordonnance du 7 mai 2014, je ne peux que vous engager, chers collègues, à prendre la mesure de la situation mahoraise.

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