La Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie sont les seuls territoires d'outre-mer à ne pas bénéficier de la CSPE ; Wallis-et-Futuna entrera dans le dispositif dès la promulgation de la loi de transition énergétique. Bien évidemment, nous estimons que la Polynésie et la Nouvelle-Calédonie devraient y être intégrées.
On parle beaucoup de l'utilisation du fonds d'investissement dédié aux EnR, mais je rappelle que l'un des objectifs est le soutien aux zones non interconnectées. Il s'agit donc, d'abord, d'une aide en faveur des lieux isolés comme le sont nos territoires. La Polynésie est certainement le territoire le plus isolé, doublement non interconnecté, car situé au coeur du Pacifique Sud et éclaté sur une surface grande comme l'Europe, avec 118 îles dont 76 habitées, comme le rappelle souvent mon collège Jean-Paul Tuaiva. Pour nous, cette aide viendrait compenser cet isolement, sachant que l'importation de gazole pour produire de l'électricité coûte cher. Ainsi, notre objectif est que la CSPE contribue à faire baisser le coût de l'électricité.
Cette CSPE peut, ensuite, devenir vertueuse, en contribuant à la transition énergétique de nos territoires, au profit d'une baisse du coût de l'électricité à long terme. En effet, les énergies propres sont, en principe, moins chères au kilowattheure que les énergies fossiles – encore que cela dépende du type d'énergie.
La Polynésie s'est exprimée l'année dernière à ce sujet : nous envisageons le partage de ce fonds, si un jour nous en bénéficions, entre une aide directe à la baisse de la facture et une aide au soutien à l'investissement en faveur des énergies renouvelables. Dans ce domaine, notre territoire est d'ailleurs assez bien placé : l'hydroélectricité représente 30 % de notre production électrique ; l'énergie solaire est développée depuis bien longtemps dans les îles éloignées ; nous faisons beaucoup de production hybride, avec des centrales solaires-thermiques, et un peu d'éolien, mais ce n'est guère probant. Bref, nous disposons d'une panoplie de solutions en énergie durable.
Le plus important pour nos territoires est de bénéficier d'une analyse pointue sur le mix énergétique à mettre en oeuvre. En effet, les possibilités d'exploitation des énergies propres sont différentes d'un territoire à l'autre, si bien que les programmations pluriannuelles des investissements (PPI) nous seront particulièrement utiles pour chiffrer nos besoins en équipement. Chez nous, l'éolien n'est pas une technologie adaptée, car les vents sont très irréguliers ; en revanche, les hydroliennes et l'énergie thermique des mers (ETM) méritent d'être développées. Ainsi, nos territoires peuvent être complémentaires en matière d'innovation : à nous d'identifier en amont l'énergie renouvelable qu'un territoire peut développer prioritairement. Cela implique donc des études en amont. Nous avons eu la chance de bénéficier d'un travail de la CRE, qui revient d'ailleurs en Polynésie pour affiner la question des tarifs de l'électricité. Mais cet effort doit être poursuivi, faute de quoi nous continuerons à naviguer à courte vue.
Vous l'avez compris : la planification du développement des EnR dans l'ensemble des territoires d'outre-mer est indispensable pour que les aides de l'État soient complémentaires, car il ne sera évidemment pas possible de soutenir tous les projets dans tous les territoires.