Je me dois aujourd'hui d'être le porte-parole des milliers de jeunes agriculteurs qui sont mobilisés sur le terrain, alors qu'ils auraient mieux à faire en cette période de moissons. Le désespoir qu'ils manifestent doit être entendu. Ces jeunes aiment leur métier ; ils ont investi et travaillent dur, mais ne parviennent malheureusement pas à dégager un revenu à la fin du mois. On ne suscitera pas beaucoup de nouvelles vocations si une telle situation perdure.
Pour passer ce cap, nous demandons en tout premier lieu des prix rémunérateurs, qui valorisent l'acte de production. Je salue les démarches qui ont été initiées sur les filières bovine et porcine et qui commencent aujourd'hui à porter leurs fruits. J'espère que les quelques retards à l'allumage constatés ne remettent pas en cause la pérennité des engagements qui ont été pris. Cette dynamique, il faut continuer à la cultiver pour parvenir à un prix décent.
Les charges pèsent lourd sur nos exploitations. Les normes et réglementations s'accumulent en dépit du bon sens, au point que nous ne comprenons plus ce que l'on nous demande, qui est totalement déconnecté de l'agronomie, de l'acte de production. Il faut alléger notre quotidien, remettre à plat toutes ces réglementations, permettre aux jeunes qui ont investi pour moderniser leur exploitation de se désendetter.
Tous, nous devons devenir des militants de la promotion de nos produits agricoles, nous montrer fiers de leur diversité et de leur qualité. Nos productions doivent être valorisées par nos industriels, dans nos cantines, dans la restauration hors foyer. Aujourd'hui, on ne peut pas se satisfaire des faibles taux d'approvisionnement en produits français dans les cantines. Pour convaincre les consommateurs, l'accent doit être mis sur la traçabilité.
La valorisation de nos différentes productions agricoles passe par nos outils de distribution. Il faut sortir de la logique de guerre des prix qui nous conduit à notre perte, et passer à la notion de prix le plus juste pour tous les acteurs de la filière. Il est légitime que chaque maillon d'une filière puisse vivre de son travail, or la production n'y parvient pas aujourd'hui. La contractualisation, en intégrant tous les maillons de la filière et surtout les coûts de production, est l'outil qui nous permettra d'aboutir à un prix juste à tous les niveaux, et ainsi de dégager des perspectives pour les jeunes.
Le plus grand défi qui nous attend est le renouvellement des générations dans les filières d'élevage. Près de 50 % des producteurs partiront à la retraite dans les dix prochaines années. Ce chiffre doit nous interpeller et nous conduire à nous mobiliser afin de créer, demain, les conditions de l'avènement d'une nouvelle génération d'agriculteurs.