J'ai souvent entendu les arguments qui viennent d'être exposés par les représentants syndicaux et professionnels. Le président de la FNPL a évoqué une réunion qui s'est tenue en 2014 pour une revalorisation de 25 centimes du prix du lait, au travers d'une médiation qui avait été engagée à ma demande. Nous tentons de mettre en oeuvre cette méthode pour le porc et la viande bovine, ce qui s'avère extrêmement délicat, car nous intervenons dans des relations commerciales. Mais si les choses se passent ainsi, c'est tout simplement parce qu'il existe un accord tacite entre tous les acteurs. En clair, nous essayons d'avancer ensemble. Ce principe, mis en oeuvre depuis deux ans, nécessite que chaque acteur prenne sa part de responsabilité dans la filière. Ainsi, la part est petite pour chacun et tout le monde avance. Cela a été vrai pour le lait il y a un an ; j'espère que nous allons réussir pour le porc et la viande bovine, sachant que les prix différents sur le marché européen ajoutent de la fragilité.
La question est encore plus compliquée pour le secteur du lait, où l'on trouve des produits transformés à haute valeur ajoutée mais aussi des produits de base, tel le lait de consommation transformé en poudre ou en beurre pour l'exportation. Chaque industrie propose des mix de produits à haute valeur ajoutée et de produits de base différents selon les produits, ce qui explique que les prix fluctuent en fonction des contrats.
À trois reprises, j'ai indiqué au conseil des ministres européen que l'élevage laitier européen étant en danger si la sortie des quotas n'était assortie d'aucune autre mesure de coordination européenne – je ne dis même pas de régulation, car à peine ce mot est-il prononcé que le débat est terminé pour certains. L'Union européenne est le premier producteur de lait du monde, nous devrions pouvoir coopérer. Or depuis la sortie des quotas laitiers, certains pays dépassent le niveau d'augmentation fixé par l'accord de 2008, au point d'avoir à payer des pénalités atteignant 900 millions d'euros – pénalités qu'ils voudraient, au passage, voir levées, ce que j'ai refusé. Aujourd'hui, la demande moindre sur le marché chinois fait que nous sommes confrontés à ce problème de prix bas du lait.
Le chemin que nous essayons de prendre est celui de la concertation, du dialogue et de la confiance, chacun assumant une part de responsabilité. Dans le domaine de l'agriculture, comme dans d'autres, la France aurait intérêt à prendre collectivement des décisions, non seulement pour régler un problème conjoncturel, mais aussi pour traiter les problèmes de moyen et de long terme. Les choses iraient beaucoup mieux ainsi !