L'industrie des viandes en France représente 35 000 salariés sur le territoire, pas moins de 150 entreprises et un chiffre d'affaires constitué à 43 % par la grande et moyenne surface (GMS), à 25 % par la transformation, à 17 % par l'export, à 9 % par la restauration hors domicile (RHD) et à 6 % par les bouchers.
Je comprends parfaitement la problématique de la production. En France, le troupeau est riche et diversifié, avec 4 300 000 vaches allaitantes, 3 700 000 vaches laitières, et une multitude de races. Bien évidemment, les éleveurs doivent vivre décemment. S'ils disparaissent demain, la production s'arrêtera et nos abattoirs fermeront les uns après les autres. Nous sommes donc bien conscients qu'il est de l'intérêt de l'ensemble de la filière que les éleveurs continuent à produire.
Située entre l'amont et l'aval, l'industrie des viandes est prise en étau, accusée de manquer de pertinence et de performance par la grande distribution, c'est-à-dire ses clients, et de ne pas acheter assez cher aux éleveurs, coopératives ou négociants, ses fournisseurs. Pourtant, le rapport Chalmin l'a mis en évidence, le résultat des abatteurs et transformateurs ne reflète pas un profit exceptionnel. Depuis quelques semaines, nos clients de la grande distribution ont effectivement consenti des hausses : dès aujourd'hui pour le frais, courant septembre pour le surgelé. Sans doute ne sommes-nous pas allés assez vite dans la revalorisation des prix, mais la matière est compliquée et il faut du temps. En tout cas, il n'y a pas de raison que nous n'y arrivions pas.
Pour ce qui est de l'export, nous envoyons 242 000 tonnes de viande bovine principalement dans les pays d'Europe, qui représentent 96 % de nos débouchés aujourd'hui. Le marché étant mature, pourquoi ne pas se tourner vers les pays tiers, en effet ? Attention toutefois aux marchés d'opportunité : la production bovine se fait sur le temps long, elle ne peut pas se permettre de voir des marchés s'ouvrir et se fermer. La contractualisation est forcément beaucoup plus difficile sur un marché d'export puisque, pour être bonne, elle suppose trois maillons autour de la table : les producteurs, les abatteurs-transformateurs et le client. Mais sur le marché français, pourquoi pas : cette pratique existe déjà sur certains créneaux.
La RHD représente une réelle source potentielle de débouchés pour le marché franco-français. Or lorsqu'on entend que 70 % de la viande y est d'origine étrangère, il y a de quoi réagir. Je vous interpelle, mesdames, messieurs, les députés : faites un effort !
Enfin, le dumping social est un vrai problème : les coûts salariaux deux fois moins élevés sur le marché allemand nuisent évidemment à notre compétitivité.