L'industrie charcutière française vend 67 % de sa production à la GMS et seulement 5 % à l'exportation.
Le maintien des prix actuels n'est pas sans conséquence, car le marché est européen et tous les maillons français et européens – producteurs, abatteurs-découpeurs, industrie charcutière – sont en concurrence. Sans réponse structurelle à la réalité du marché, nous ne pourrons pas nous déconnecter très longtemps de certains prix. D'autant que, pour la première fois depuis le début de l'année, la consommation de charcuterie est en baisse, au niveau français comme au niveau communautaire, alors que la production de porc continue à croître.
Comment soutenir ces prix très longtemps sans trouver des valorisations nouvelles aux produits français ? Pour être franche, je ne crois pas que la solution soit de fermer les frontières. Aujourd'hui, nous avons besoin d'importer 20 % de pièces de découpe, car la France est déficitaire en jambon, en coche et en boyaux, même si cette situation ne va pas forcément perdurer. Parmi les solutions à mettre en oeuvre, il faut d'abord redonner de la valeur aux produits français. Mettons-nous autour de la table pour étudier nos spécificités : nous manquons de certaines pièces de découpe alors que, dans certaines zones de France, il n'y a plus de production de porc. Ensuite, il est nécessaire de se pencher sur la variabilité des matières premières. La matière première porcine dans les comptes d'exploitation des entreprises représente 54 % du chiffre d'affaires de la filière. Il est donc fondamental d'avoir la bonne matière première, la qualité et le prix correspondant, mais aussi de nous doter d'outils de régulation. Nous avons formulé des propositions au ministre en ce sens, qu'il s'agisse de marchés à terme ou de contrats à livraison différée avec les différents maillons de la filière. Il faudra bien trouver des solutions pérennes pour sortir de la situation actuelle.