La situation est grave, et ce n'est pas le moment d'élargir le sujet à de vieux débats. Ce n'est pas la LME qui fait baisser les cours mondiaux de la poudre de lait ni le cours européen du porc. Il faut se recentrer sur le sujet du jour.
Nous avons une crise de marché, avec une augmentation de la production, une baisse des exportations et une baisse de la consommation intérieure, et donc, une diminution des prix. Nous avons également une crise de compétitivité parce que nous avons des coûts de revient plus élevés que ceux d'autres pays.
Face à cette situation, je rends, moi aussi, hommage au ministre, qui a fait un travail remarquable afin que tout le monde travaille ensemble. Nous avons pris des engagements clairs, qui ont été beaucoup discutés ces temps-ci. C'est pourquoi nous avons demandé une transparence absolue, à laquelle nous sommes parvenus aujourd'hui. Le rapport du médiateur indique clairement que la grande distribution a tenu ses engagements.
Nous avons écrit ce matin, dans une lettre adressée au ministre, que non seulement nous allions continuer, mais qu'en plus, nous nous engagions à anticiper, c'est-à-dire que nous n'attendrons pas les augmentations de cotations. Aujourd'hui, les distributeurs ici présents sont allés très nettement au-delà des cotations. Si vous le souhaitez, nous vous fournirons les chiffres qui l'attestent.
Nous nous sommes également engagés, pour répondre à la demande du ministre, à ce que la totalité de la viande bovine ou porcine fraîche d'origine France soit étiquetée sous le logo « Viandes de France » d'ici à la fin de l'année. Nous sommes totalement solidaires de tout ce qui a été fait jusqu'à présent. Nous avons répondu aux demandes qui nous ont été faites, et nous travaillons quotidiennement avec, notamment, les présidents des associations spécialisées. Nous avons joué pleinement le jeu, ce qui n'est pas le cas de tous les acteurs. De notre côté, nous avons augmenté beaucoup plus les prix que ce qu'ont touché les éleveurs. Il y a donc un problème quelque part.
Du côté de la RHD, des engagements concrets doivent être pris. Il n'est pas normal que des cantines publiques, financées par des fonds publics, n'achètent quasiment que de la viande étrangère. C'est un sujet majeur. Je rappelle que nous ne représentons qu'une petite moitié du marché de la consommation bovine.
Même chose pour les industriels de la salaison. On sait fort bien que le taux d'utilisation de produits d'origine France est très nettement inférieur à celui de nos propres marques de distributeurs (MDD). Nous avons fait des efforts, que tout le monde en fasse ! Nous voulons jouer collectif et j'estime que, sur ce plan, les choses vont dans le bon sens.
Enfin, il faut penser sur le long terme, et d'abord en visant la qualité. C'est par la segmentation, par l'augmentation de la qualité que nous inverserons la baisse de la consommation qui est aujourd'hui l'un de nos problèmes fondamentaux. On le sait, le consommateur est prêt à payer plus s'il constate une hausse de la qualité.
Quant à la contractualisation, je rejoins ce qui a été dit sur son importance pour tout le monde.
Enfin, au-delà de la compétitivité, qui relève des pouvoirs publics, il y a la question de la modernisation. Il faut moderniser nos instruments : les cotations sont d'un autre âge, nous n'avons pas des marchés à terme modernes, certaines interprofessions ne sont pas longues, avec les acteurs des différents maillons de la filière autour de la table. Or c'est en discutant, en examinant ensemble les sujets que nous arriverons à progresser. Certes, nous condamnons les exactions qui ont été commises dernièrement dans les magasins, mais nous avons été capables de travailler ensemble.