Je me réjouis de cette réunion, tout en regrettant qu'elle soit organisée en fin de session parlementaire et à une heure aussi tardive : elle aurait, en effet, mérité de longs développements. Conformément à la règle du jeu que nous nous sommes fixée ce soir, je n'entrerai pas dans la polémique politicienne, me contentant de tirer trois enseignements de ce que j'ai entendu tout à l'heure.
Derrière la crise conjoncturelle se profile une crise structurelle qui touche à la structuration des bilans financiers, la restauration des marges et l'organisation des filières, sujets qui n'ont malheureusement pas été traités au cours des derniers mois. Avant de s'y attaquer, il nous faut d'abord régler la crise du discours politique sur l'agriculture. Le Parlement souffre d'un déficit d'expertise et d'un excès de postures sur les questions agricoles. L'agriculture n'est pas seulement un sujet de société, c'est un secteur économique avec ses particularités et sa complexité. Il fait l'objet de tableaux de bord élaborés par FranceAgrimer et d'autres structures dépendant des autorités publiques, mais dont les chiffres ne sont malheureusement jamais analysés ici.
Le traitement de ces sujets suppose aussi que l'on s'attaque à la crise de l'action publique, pointée du doigt ce soir par le ministre et plusieurs autres interlocuteurs, c'est-à-dire au manque d'articulation entre les niveaux européen, national et local. Au niveau national, la question est aussi de savoir comment en finir avec le supplice chinois qui consiste, ministre après ministre, loi après loi, pour chacun à prendre qui une taxe, qui une obligation administrative, qui l'interdiction de telle molécule, sans mener la moindre étude d'impact sur la compétitivité du secteur agricole. L'aveuglement de l'action publique est un vrai scandale auquel nous devons à tout prix remédier. Monsieur le président Brottes, selon quelles modalités allons-nous poursuivre nos travaux pour apporter des réponses à ces trois crises ?