Le grand philosophe slovène Slavoj Žižek ne porte pas sur la crise de la zone euro et la situation de la Grèce la même appréciation que vous, monsieur le Premier ministre. Citant Freud, il rappelle que plus on obéit, plus on se sent coupable, et il salue le fait que le peuple grec et son gouvernement se revendiquent innocents d'une partie de la dette accumulée. Ils n'ont pas entièrement tort : outre que la Commission européenne s'est montrée irresponsable en acceptant les comptes publics truqués que lui avaient transmis M. Samaras, nous avons ensuite collectivement renfloué des banques françaises et allemandes irresponsables elles aussi – et l'on demande maintenant des efforts considérables au peuple grec. En réalité, la crise de la zone euro révèle la crise du projet européen. Dans quel domaine – fiscal, social, institutionnel, budgétaire – la Slovénie soutiendrait-elle un projet ambitieux d'intégration européenne renforcée ?