La liberté ne se divise pas, et nous avons sur ce point un désaccord fondamental. L'article 1er du texte pose le principe de la liberté de création, et l'article 2 son corollaire : la liberté de programmation. Il s'agit ce faisant de garantir l'indépendance des artistes et ce qui est peut-être le plus menacé aujourd'hui, l'excellence artistique, c'est-à-dire la capacité d'innovation et d'expérimentation, la prise de risque, la recherche de publics qui ne sont pas acquis spontanément. La liberté du programmateur ne se partage pas, et j'ai pointé dans mon rapport l'influence que certains élus se sont arrogé en influençant la programmation d'une structure au motif qu'ils la subventionnent. Pour ma part, je préside depuis plusieurs années le conseil d'administration de la Maison des Métallos, où je représente la Mairie de Paris. Alors même que cette structure est presque uniquement financée par des subventions de la Ville, je ne me suis jamais autorisé à formuler une observation sur la programmation décidée par son excellent directeur.
C'est, je le comprends, votre attachement au dialogue qui a suscité cette proposition, mais serait-elle adoptée qu'elle serait interprétée comme l'instauration d'un rapport de forces dans lequel celui qui verse la subvention sera évidemment en position dominante, ce qui lui permettra d'obtenir ce qu'il veut. Vous êtes une élue locale, ma chère collègue, et je n'imagine pas que vous cherchiez à influencer la programmation des établissements culturels de votre territoire : c'est finalement pour vous protéger que j'exprime un avis défavorable en suggérant le retrait de cet amendement.