Intervention de Christian Kert

Séance en hémicycle du 28 septembre 2015 à 16h00
Création architecture et patrimoine — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristian Kert :

Plutôt que d’apaiser les tensions, la création de ce poste suscite de vives oppositions de la part de l’ensemble des acteurs du secteur.

Antagonisme, encore, avec l’affaire des quotas sur les radios. On a senti un tel flottement, madame la ministre, que vous avez dû vous résoudre à vous en remettre à la sagesse de la commission lors de nos travaux. On comprend bien, aux réactions enregistrées depuis, que le sujet divise et continuera à diviser.

Après ce secteur sensible de la musique, vous avez traité celui du cinéma – ce qui ne saurait sans doute déplaire à nos collègues Marcel Rogemont et Michel Herbillon qui co-président le groupe de travail sur ce sujet.

Néanmoins, votre proposition laisse totalement en jachère la question de la création et de la production audiovisuelles car, alors même que notre cinéma – l’un des meilleurs d’Europe – demeure un exemple de l’excellence culturelle française, l’audiovisuel, lui, peine depuis quelques années à s’adapter au défi numérique et à l’internationalisation des oeuvres, et ce de façon désormais inquiétante.

Le constat a été fait : la France est le seul pays européen où les fictions américaines sont plus regardées que les fictions nationales. Nous savons qu’il y a des raisons à cela et nous les avons répertoriées en commission, monsieur le rapporteur.

Peut-être conviendra-t-il de déverrouiller les frontières si étanches entre les genres de production, flux et stock, afin de favoriser un peu les programmes courts ou les émissions de flux de qualité.

Il faudra aussi protéger notre industrie de l’audiovisuel : une oeuvre dite française doit être créée en France par des auteurs employés en France et créant des emplois en France. Si les règles en vigueur ne sont pas modifiées rapidement, notre pays subira une perte de compétitivité majeure – il faut d’ailleurs espérer que la prochaine loi de finances apportera des réponses, tant pour le cinéma que pour la production audiovisuelle.

Ce sujet me permet de revenir un instant sur la défense de la langue française : elle y est simplement mentionnée dans ce projet mais un amendement en commission à l’article 2 permet de remédier partiellement à cet état de fait.

Souvenez-vous de Camus, madame la ministre : « J’ai une patrie, et cette patrie, c’est la langue française. » Collectivement, sommes-nous encore dignes de cette assertion, certains de nos ressortissants n’osant plus aimer cette langue française « touillée par les siècles » ?

Utiliser l’audiovisuel comme outil de l’excellence culturelle française : c’est cette volonté que j’aurais aimé vous voir exprimer !

Alors que Mme Ernotte est venue vous dire ce qu’elle entendait faire de France Télévisions avec, soit dit en passant, un argent qu’à notre connaissance vous n’avez pas encore trouvé, rappelez-lui donc ces impératifs et la nécessité, pour la France, de générer des champions nationaux de la création et de la production audiovisuelles !

En ce qui concerne le chapitre de l’emploi et de l’activité professionnelle artistique, le fait que vous ayez demandé à notre collègue Jean-Patrick Gille – dont on connaît l’excellent travail sur le dossier de l’intermittence du spectacle – de retirer les amendements qu’il entendait présenter pour attendre les résultats d’une négociation a en quelque sorte vidé l’initiative parlementaire de sa substance en la matière.

Vous savez, madame la ministre, quelqu’un a dit qu’il fallait du courage pour avoir du talent et il ne faudrait pas que nous découragions la naissance de nouveaux talents – ni ceux qui sont déjà connus – afin qu’ils puissent s’épanouir. Veillons à ce que notre système ne rende pas impossible l’apparition de nouveaux artistes !

Je dis cela en ayant bien conscience, comme nos collègues, que le régime de l’intermittence du spectacle n’a pas que des adeptes, nous le savons bien.

Second grand chapitre de votre projet, celui de l’archéologie, du patrimoine et de l’architecture.

Si, par malheur, nous ne votions pas cette motion de rejet préalable, mon collègue François de Mazières prendra la parole…

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