vous avez dû reprendre un texte attendu depuis deux ans. On le sait, il est toujours plus difficile de récrire que d’écrire. Cela donne un texte composite, fourre-tout, étrange comme l’ont dit certains, et qui déçoit. La culture fait partie de ces sujets sur lesquels on attend un texte législatif qui ait du souffle, de la profondeur et qui propose au législateur et, partant, aux Français, une vision.
Bien sûr, il y a les deux premiers articles, principiels pour reprendre votre vocabulaire. Sur la liberté de création, qui est votre grande cause, tout le monde peu ou prou est d’accord, même si, pour justifier les menaces qui pèsent sur elle, vous mélangez un peu tout. Les trois exemples que vous citez habituellement sont en effet très différents.
S’agissant de Kapoor, et des graffitis sur son oeuvre, il n’a pas été empêché de créer. On lui a même donné le plus beau des écrins pour cela : les jardins du palais de Versailles. Non, c’est l’antisémitisme le plus révoltant – le mot n’a pas été prononcé – qui s’est exprimé là, que ne sauraient justifier les provocations d’un artiste désireux de « créer le chaos » avec ce Dirty corner – ce « coin sale » – dans un lieu imprégné de classicisme et de beauté. J’observe au passage que c’est moins l’oeuvre elle-même que le titre donné par l’artiste et la proximité des abords du château qui ont fait scandale.
S’agissant du deuxième exemple que vous citez toujours, la sculpture repeinte en bleu à Hayange, c’est la preuve d’une grande bêtise et d’une méconnaissance du statut de l’oeuvre d’art. Ce délit est déjà sanctionné aujourd’hui sans même avoir à recourir à votre loi.
Je vais m’arrêter un peu plus longuement sur votre troisième exemple. Vous citez les collectivités qui réduisent leur budget culture ou leurs subventions. Votre analyse pour en tirer argument que la création est attaquée est révoltante. D’abord, elle méconnaît un principe constitutionnel : celui de la libre administration d’une collectivité.