Intervention de Fleur Pellerin

Séance en hémicycle du 28 septembre 2015 à 16h00
Création architecture et patrimoine — Discussion générale

Fleur Pellerin, ministre de la culture et de la communication :

Je serai très brève parce que nombre des points évoqués par les différents orateurs vont être discutés ce soir ou dans les jours qui viennent. Je veux juste remercier pour leur approche extrêmement constructive et pour leurs commentaires Gilda Hobert, Michel Pouzol, Sophie Dessus, Hervé Féron et Marie-George Buffet. Leurs interventions ont bien montré que nous partageons la même conception de la culture, ce qui n’est pas toujours le cas avec l’autre côté de cet hémicycle…

Il s’agit, disais-je, d’une même conception de la culture comme projet politique et pour l’émancipation de tous. Nous partageons également la même réflexion sur le rôle de l’État dans les politiques culturelles et la même ambition s’agissant de l’audiovisuel public ou encore des nouveaux droits à accorder aux professionnels. Je suis donc sûre que nous parviendrons à préciser un certain nombre de points et à enrichir ce texte afin de satisfaire encore davantage certaines de vos suggestions.

Ensuite, je voudrais revenir sur certaines contestations que j’ai à nouveau entendues concernant la liberté de création.

Tout d’abord, je tiens à dire qu’il est possible que la liberté de création existe à l’état naturel, mais qu’en tout état de cause, il est toujours préférable de la pouvoir l’abriter derrière la loi. La liberté de conscience et la liberté de la presse sont mieux protégées dès lors qu’elles sont inscrites dans la loi. Il est donc important d’affirmer très solennellement, comme nous le faisons dès ce soir, le principe de la liberté de création.

Mme Genevard s’est méprise ou a mal entendu mes propos lorsque j’ai cité des exemples d’atteintes à la liberté de création. Elles sont de différents types, et je ne les mélange pas. Certaines de ces atteintes – nous en avons rencontré de nombreuses récemment – relèvent de la volonté de financeurs, publics ou privés, de s’ingérer dans la programmation, selon le principe « qui paie décide », et d’imposer à des programmateurs, directeurs de scènes ou institutions culturelles de plaire au plus grand nombre, par populisme ou par bienséance, pour ne pas heurter telle ou telle conviction. Il en est allé ainsi ces derniers temps au Forum du Blanc-Mesnil, à Annonay ou à Fréjus.

D’autres, tout aussi dangereuses, procèdent de personnes ou de groupes constitués qui s’arrogent de plus en plus régulièrement le droit de contester ou d’empêcher la présentation d’une oeuvre à un public. Nous l’avons vécu lors de la dégradation des installations d’Anish Kapoor – et je n’ai pas du tout mis en cause le rôle des institutions culturelles dans la présentation de cet artiste. Ces stratégies de manifestation et d’intimidation visant à empêcher le public d’accéder sereinement à l’oeuvre constituent des menaces tout aussi fortes contre la liberté de création.

Des divergences sont apparues sur ce point lors de la discussion en commission. Mme Genevard s’est montrée désireuse d’introduire dans le projet de loi des dispositions visant à donner davantage de pouvoir aux collectivités qui financent les lieux culturels en matière de programmation et de diffusion. Nous sommes fondamentalement en désaccord sur ce sujet.

Par ailleurs, j’aimerais indiquer à Michel Herbillon qu’il ne peut à la fois déplorer un texte « fourre-tout » et réclamer des dispositions supplémentaires sur le rayonnement culturel à l’étranger, la régulation d’internet, la diffusion culturelle, la répartition de la valeur dans les industries créatives, le mécénat et le cinéma.

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