Intervention de Marcel Rogemont

Séance en hémicycle du 28 septembre 2015 à 16h00
Création architecture et patrimoine — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarcel Rogemont :

La création artistique est libre. Quelle belle affirmation ! Nous pouvons cependant nous étonner de sa profération, ici même, comme s’il y avait une urgence.

Les caricatures de Mahomet nous en rappellent l’urgente nécessité. Urgente nécessité aussi lorsqu’à Rennes, en 2011, des intégristes catholiques essayent d’empêcher la représentation d’une coproduction du Théâtre national de Bretagne, Sur le concept du visage du fils de Dieu, avec pour metteur en scène Romeo Castellucci. Les manifestants, bien que n’ayant pas vu la pièce, jugeaient insultant que le visage du Christ Salvator Mundi peint par Antonello de Messine puisse constituer l’argument d’une représentation théâtrale. La peur, insidieuse censure, est désormais présente.

Face à cela, une affirmation par la loi est nécessaire. Sera-t-elle suffisante ? Cela appelle de notre part, à nous, élus, un courage : celui de permettre la création, la diffusion de l’art. Nous le faisons en développant nos politiques plutôt qu’en les réduisant. Nous sommes les premiers artisans de la liberté de création ainsi que des conditions de son épanouissement grâce à nos actions, subventions, bâtiments, équipements. Le Gouvernement propose – enfin ! – que les crédits de la culture ne baissent pas ; ils sont même annoncés en croissance. C’est un signe. Que ce signe soit perçu par tous les élus comme un appel à ne pas baisser la garde. Les artistes ont besoin de nos politiques, de notre engagement pour la culture. Nul doute qu’ils seront attentifs à nos décisions, et ce, à raison.

Certains, à droite, jouent les offensés et font des propositions pour trouver 150 milliards d’économies : face à ces paroles éphémères, nous offrons, nous, la force de la loi.

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