Intervention de Stéphane le Foll

Séance en hémicycle du 29 septembre 2015 à 15h00
Débat sur la situation et l'avenir de l'agriculture

Stéphane le Foll, ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement :

Mesdames, messieurs les députés, vous avez souhaité un débat sur la situation de l’agriculture, et en particulier sur la crise de l’élevage. C’est un débat légitime dans la mesure où, depuis cinq mois, une crise touche un certain nombre de secteurs, notamment ceux de l’élevage. De fait, trois crises se superposent : celle du secteur porcin, celle de la viande bovine et celle du secteur laitier.

Ces crises ont à la fois des causes conjoncturelles parfaitement identifiables – j’y reviendrai – et des causes structurelles, auxquelles il faudra apporter des réponses. Chaque secteur rencontre des difficultés, mais la question du prix constitue leur dénominateur commun. Je rappelle que, dès le début de ces crises, des discussions ont eu lieu et des engagements communs ont été pris pour essayer de revaloriser, par un accord entre industriels, producteurs et grands distributeurs, les prix payés aux producteurs. Cela a été le cas, le 17 juin, pour la viande bovine. Aujourd’hui, les prix de ce secteur ont été revalorisés, non pas à la hauteur de l’engagement initial, mais légèrement au-dessus des prix payés l’an dernier. Cette filière souffre de nombreux maux, et en particulier d’une nouvelle crise sanitaire, qui impliquent que les acteurs du secteur et les territoires concernés fassent des choix importants et structurels.

Quant à la crise du porc, en particulier dans l’ouest de la France, notamment en Bretagne, elle est liée à une situation qui s’est dégradée depuis environ dix ans. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2003, la production porcine française était de l’ordre de 2,4 millions de tonnes. Elle a baissé depuis, alors que, dans le même temps, cette production est passée de 4,8 millions à 5,2 millions de tonnes en Allemagne et de 3,6 millions à 3,8 millions de tonnes en Espagne. Dans ces pays, la production a donc augmenté quand, dans le nôtre, elle baisse depuis dix ans.

Je l’ai dit, certaines causes sont conjoncturelles. Je pense notamment à l’embargo russe, qui pèse sur la production de ce secteur en particulier. J’irai d’ailleurs à Moscou cet automne, le 8 et le 9 octobre, pour prendre des contacts et essayer de faire évoluer la situation, en particulier sur la question de l’embargo sanitaire. Pendant dix ans, cette filière a souffert d’un manque d’investissements, dans la production comme dans les outils d’abattage qui ont perdu beaucoup de leur productivité, donc de leur compétitivité. Sur ces sujets, il convient d’énoncer quelques vérités. Il faudra travailler sur des propositions structurelles pour sortir de cette crise porcine – j’y reviendrai.

Le secteur du lait, quant à lui, relève d’une autre situation. La crise est liée à des choix faits à l’échelle mondiale ; elle n’est pas uniquement européenne. C’est une crise du marché mondial, liée aux débouchés anticipés par de nombreux continents sur le marché chinois qui se sont révélés moins importants que ce qui était attendu. Cela vaut pour l’Europe, l’Australie et la Nouvelle-Zélande comme pour l’Amérique, en particulier l’Amérique du nord. C’est donc une crise de surproduction à l’échelle internationale. Je rappelle toutefois qu’en Europe la crise laitière est aussi liée à des choix. Chacun a pu constater que le choix de l’Europe et de la France de supprimer les quotas laitiers et de libéraliser a conduit à une très nette augmentation de la production

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