découragés, d’abord, par un environnement réglementaire toujours plus complexe, où la loi n’est plus perçue comme une protection mais comme une menace, une contrainte, un fardeau ; découragés par une Europe qui, toute à son devoir de défendre un illusoire droit de la concurrence, en vient à oublier que la PAC est aussi au fondement de son histoire et de son avenir ; découragés, enfin, face à l’inertie des pouvoirs publics français, incapables de mettre en oeuvre une stratégie de long terme pour la filière agroalimentaire française.
Des chiffres ont déjà été évoqués : plus d’un million d’emplois agricoles détruits au cours des vingt dernières années et près d’un suicide d’agriculteur par jour. Cette précarité, cette détresse morale ne sont pas acceptables, à aucun prix. Cet appel, il faut aujourd’hui l’entendre, avec confiance et responsabilité. Voyons loin, voyons grand ! Et disons-le clairement : sauf à abdiquer face à l’ampleur des efforts nécessaires, nous devons réagir. Réagir en assumant que seul un changement radical d’approche nous permettra de sortir de la crise ; réagir en mobilisant tous les instruments dont nous disposons pour aider les éleveurs à retrouver leur compétitivité ; agir, enfin, en France et en Europe.
Agir en France, c’est d’abord rééquilibrer les filières entre l’amont et l’aval de la chaîne de production. Nous ne pouvons accepter d’avoir, d’un côté, une hyperconcentration des centrales d’achat – avec quatre acheteurs tout-puissants –, et, de l’autre, 125 000 éleveurs totalement désorganisés. Ce dont nous avons besoin, c’est de dialogue, de contrôle et de transparence : un dialogue, non plus entre deux parties prises isolément, mais entre l’ensemble des acteurs compétents – producteurs, transformateurs et distributeurs.
Deuxième enjeu : renforcer les contrôles sur les prix. Nul ne pourra le nier, les outils mis en place ces dernières années, tels l’Observatoire de la formation des prix ou le Médiateur, ont montré leur déficience et doivent être repensés pour être plus efficaces. Posons donc la question : y a-t-il à ce jour, dans notre pays, une connaissance réelle de la constitution des marges et des prix ?