Troisième priorité pour la France : promouvoir les produits français. Est-il normal que 70 % de la viande achetée par nos cantines soit importée quand, en Allemagne, c’est l’inverse ? Il faut le dire clairement aux consommateurs : l’excellence agricole française a un prix. Et la politique du « toujours moins cher » des uns ne doit pas avoir pour contrepartie le « toujours plus pauvre » des autres.
Le problème, c’est que la guerre des prix a totalement banalisé la vente de denrées alimentaires. Or les produits agricoles ne sont pas des produits comme les autres : ce sont des produits de première nécessité, qui relèvent de notre sécurité alimentaire. Il faut donc en finir de toute urgence avec l’imposture que j’évoquais, exiger une meilleure traçabilité des produits agricoles via les appellations d’origine et contrôler l’usage des labels par la grande distribution.
Surtout, l’avenir de l’agriculture est dans l’agro-industrie et l’export. La montée en gamme de nos produits et leur valorisation à l’international sont des objectifs prioritaires. L’État doit être force de proposition sur ce dossier et bâtir une réelle stratégie pour retrouver notre compétitivité et mobiliser les régions.
En Europe aussi, beaucoup reste à faire. Les mesures annoncées à l’issue du dernier conseil extraordinaire des ministres de l’agriculture sont clairement décevantes. Les agriculteurs ont raison lorsqu’ils déclarent ne pas vouloir « moins d’Europe » mais « mieux d’Europe ». Une Europe mieux organisée c’est, à coup sûr, un gage d’efficacité et de nouvelles opportunités. Les institutions communautaires doivent entendre cet appel et réorienter la PAC au profit d’un marché européen régulé et équilibré. Il convient de se focaliser en priorité sur les objectifs du premier pilier, de moderniser et de développer l’agriculture.
Cela implique d’abord une plus grande convergence des politiques fiscales et sociales. L’objectif est de lutter contre des distorsions de concurrence inadmissibles au niveau intra-européen.
La deuxième priorité, au niveau européen, est d’adopter un mécanisme de sécurisation des marges et des revenus pour les agriculteurs en cas d’aléas politiques – tel l’embargo russe –, économiques et climatiques. À ceux qui jugent une telle politique impossible, rappelons que les Américains eux-mêmes ont intégré des mesures contracycliques dans leur nouveau « Farm Bill », politique à la fois protectrice et libérale dont l’Union européenne serait bien avisée de s’inspirer.
Enfin, les négociations du Traité transatlantique concernant l’agriculture doivent être temporairement suspendues. Comment l’Union européenne, dont le marché n’est encore que partiellement harmonisé, peut-elle raisonnablement espérer obtenir un accord équilibré avec les États-Unis ? La France, première puissance agricole d’Europe, doit rappeler à l’Europe qu’elle-même est la deuxième puissance agricole du monde – une réalité qu’elle a parfois tendance à oublier. Ainsi, l’enveloppe globale consacrée à la PAC pour la période 2014-2020 accuse une baisse de 12 % par rapport à la période précédente. Ce budget est indigne de ce que doit être l’agriculture pour l’Union européenne.
C’est sur l’ensemble de ces chantiers que j’entends travailler, au nom du groupe UDI, notamment dans le cadre de la mission d’information sur la crise de l’élevage que j’animerai dans les prochaines semaines avec ma collègue Annick Le Loch.