Cette schizophrénie n’est plus acceptable.
On ne peut pas non plus faire croire aux Français qu’ils sont capables de consommer toute la production agricole française. Cela est absolument impossible. Les deux modèles ont besoin d’être soutenus, mais il faut mettre des conditions. Le modèle tourné vers l’exportation ne peut pas se concentrer sur des productions de masse ou de base. Il doit rechercher sans cesse une valeur ajoutée. Si l’on privilégie les productions de masse ou de base, il faut s’attendre, comme l’a dit André Chassaigne, à être concurrencé par quelqu’un qui produira moins cher. C’est une évidence. En revanche, si l’on avance dans le sens de la qualité ou de la transformation, on a plus de chances de conserver ses marchés et de créer de l’emploi territorialisé.
Pour ce qui est du marché intérieur, le parti socialiste milite depuis plus de dix ans en faveur de la relocalisation de l’agriculture. À l’échelon mondial – et le réchauffement climatique devrait nous y inciter –, il faut travailler à réduire les déplacements inutiles et à produire là où les gens ont faim, comme le disait Jacques Diouf, l’ancien directeur de la FAO, mais il faut également satisfaire le marché intérieur. Cette idée, dont on se moquait hier sur des bancs que je ne citerai pas, est aujourd’hui totalement partagée. On redécouvre l’importance du marché intérieur et de la consommation locale.
Ce n’est pas la seule solution, mais c’en est une pour bon nombre d’agriculteurs. La consommation locale limite les déplacements, crée de l’emploi et assure la traçabilité des produits dans tous nos territoires.