Intervention de Nicolas Sansu

Séance en hémicycle du 19 juillet 2012 à 21h30
Projet de loi de finances rectificative pour 2012 — Article 17

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Sansu :

L'objet du présent article est de restituer à la Grèce les revenus tirés par la Banque de France des obligations souveraines grecques rachetées à compter du printemps 2010 sur le marché secondaire. La création d'un compte d'affectation spéciale qui sera abondé par une contribution spécifique de la Banque de France ne soulève pas en elle-même d'objection particulière. En revanche, une telle création nous invite à nous interroger une fois de plus sur la pertinence des instruments mis en oeuvre en Europe au titre du programme de soutien au désendettement de la Grèce.

La Grèce s'est vu accorder deux plans d'aide d'un montant total de 380 milliards d'euros, accompagnés d'un programme draconien d'ajustement budgétaire. Pour quels résultats ? La purge imposée au peuple grec de façon de plus en plus extrême plonge le pays dans une récession si profonde qu'elle limite massivement la capacité de la Grèce à rembourser l'argent qu'on lui prête : le PIB a diminué de 15 % en quatre ans, la dette grecque a quasiment doublé depuis 2007, le chômage – 22.5 % – et la misère explosent.

Un chiffre mérite d'être évoqué ici, celui du patrimoine des millionnaires européens. Selon Le Figaro – qui n'est pas un journal communiste –, le patrimoine des millionnaires en euros s'élevait l'an dernier à 7 688 milliards d'euros. L'Europe met ainsi un peuple à genoux pour une dette qui représente moins de 5 % du patrimoine des millionnaires européens.

Un tel chiffre suffit à démontrer que notre continent marche sur la tête. L'urgence est aujourd'hui de promouvoir une autre Europe, de desserrer l'étau des marchés financiers et de permettre aux pays de la zone euro de retrouver leur capacité à pratiquer des politiques budgétaires autonomes. Cela passe aussi par l'engagement de la BCE à garantir les dettes européennes, par l'affirmation d'une solidarité plus étroite entre États membres, et surtout par la reconnaissance de la part que les traités européens et les solutions libérales ont prise dans le désastre actuel.

Vous le savez, mes chers collègues, il nous faut trouver des mécanismes de solidarité qui préservent des solutions de haine entre les peuples, qui préservent des anathèmes contre l'étranger. C'est tout l'engagement du Front de gauche pour une Europe des peuples, une Europe du partage et de la coopération, contre une Europe de la finance et contre les solutions de repli nationaliste malheureusement générées par les politiques libérales depuis tant d'années !

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