S'agissant de notre déploiement en Afghanistan, nous avons quitté Kunduz le 3 octobre dans l'après-midi en y fermant l'hôpital. Nous continuons notre travail dans deux hôpitaux à Kaboul ; un troisième, à Helmand, à l'est du pays ; et un quatrième à la frontière pakistanaise. J'encourage personnellement mes collègues à revenir à Kunduz et à faire en sorte de reconstruire l'hôpital détruit. Ceci, naturellement, une fois les circonstances du drame clarifiées.
Concernant les exilés syriens en Arménie, ils sont 35.000 et bénéficient d'un recours facilité à la naturalisation. Il n'y a donc pas de crise majeure en Arménie et les réfugiés arrivent à s'intégrer convenablement dans la vie quotidienne du pays. Ils ont par exemple entrepris la construction d'une ville, en périphérie de la capitale, destinée à être exclusivement peuplée de réfugiés syriens d'origine arménienne.
La situation au Yémen est peu médiatisée mais la crise y est particulièrement aigue. Les Houthis, appuyés par l'ancien Président Ali Abdallah Saleh, contrôlent la majorité du pays. D'un autre côté, le Président Hadi et la coalition menée par l'Arabie saoudite, qui ont réussi à repousser les rebelles de la ville d'Aden. Il existe deux lignes de front, caractérisées par des bombardements massifs et aveugles de la coalition : une au niveau de la capitale Sanaa et une autre, au sud, au niveau de la ville de Taiz.
Selon les informations du Croissant Rouge, dix-neuf hôpitaux auraient été détruits, principalement du fait des frappes de la coalition. Dans les régions sous contrôle des rebelles houthis nous constatons des pénuries alimentaires, médicamenteuses, énergétiques, ainsi qu'un manque de ressources humaines dans les hôpitaux. Parallèlement, l'aide humanitaire en provenance d'Aden n'est pas équitablement répartie sur le territoire yéménite. A l'exception de la Croix Rouge internationale et de Médecins Sans Frontières, l'ensemble de l'aide humanitaire est distribuée par les forces gouvernementales. Or cette aide n'est distribuée que dans les zones sous contrôle du gouvernement.
Nous rencontrons par ailleurs des difficultés dans l'acheminement des blessés d'une ville à l'autre. A Taiz, des snipers occupent les toits en empêchant les patients d'atteindre les hôpitaux. Plus généralement, nous craignons au Yémen de voir se reproduire le chaos libyen. Il nous incombe, par conséquent, de trouver une solution politique ; sans laquelle le pays risque une grande catastrophe.
Les autorités françaises se déplaceront en Arabie saoudite le 15 octobre prochain. Nous espérons à cette occasion que la France utilisera tout son poids pour trouver une solution politique au conflit yéménite.