Intervention de Gaby Charroux

Séance en hémicycle du 19 décembre 2012 à 21h30
Projet de loi de finances rectificative pour 2012 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGaby Charroux :

Madame la présidente, monsieur le ministre, chers collègues, je voudrais m'associer aux propos tenus sur la qualité du travail réalisé. C'est pour moi, au début de mon premier mandat, un plaisir de le souligner.

Nous achevons ce soir l'examen du projet de loi de finances rectificative avec le sentiment que ce texte inaugure, plus encore que le regrettable épisode des pigeons, un changement de cap qui nous préoccupe.

Les budgets d'austérité et le pacte de compétitivité ne vont pas, à l'évidence, dans le sens du changement plus marqué qui était attendu par nos concitoyens.

Comment ne pas s'interroger lorsque, d'un côté, le ministre du travail annonce qu'il n'y aura pas de nouveau coup de pouce au SMIC ni d'indexation sur la croissance comme l'avait promis le candidat François Hollande durant sa campagne, et que, de l'autre, le Gouvernement propose un crédit d'impôt aux entreprises à hauteur de 20 milliards d'euros, compensé par une hausse de la TVA que le Gouvernement et le Président de la République s'étaient pourtant engagés à ne pas bouger ?

On ne peut qu'être frappé par ce retournement, particulièrement à une période où s'accumulent les difficultés pour une majorité de nos concitoyens. Alors que le nombre de chômeurs explose au rythme de 1 500 emplois perdus par jour, que des millions de salariés subissent depuis des années la stagnation salariale et la difficulté croissante à boucler les fins de mois, à mettre de l'essence dans le réservoir, à payer le loyer ou les études de leurs enfants, cette décision ne nous paraît pas seulement inopportune mais radicalement en décalage avec les attentes.

Disant cela, nous ne voulons pas faire de mauvais procès. Nous ne négligeons pas les difficultés engendrées par dix années de politique de droite, qui se sont traduites par un million de chômeurs supplémentaires, 720 000 emplois supprimés dans l'industrie, une dette publique qui a quasiment doublé, passant de 900 à 1 700 milliards d'euros, 8,5 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté. On pourrait, hélas, alourdir le tableau.

Nous ne négligeons pas la nécessité de redresser notre économie, de réparer les dégâts occasionnés par la gestion calamiteuse des précédents gouvernements.

Mais ce n'est pas en gardant l'oeil rivé sur le coût du travail, considéré par le patronat comme l'une des principales causes des difficultés rencontrées à l'exportation, que nous y parviendrons. Ces trente dernières années, la part de la valeur ajoutée dévolue aux salariés a baissé et l'investissement stagne alors que la rémunération des capitaux est en constante augmentation.

Selon le rapport publié en octobre 2009 par le Conseil des prélèvements obligatoires, le coût du travail en France par unité de production, c'est-à-dire en tenant compte de la productivité, est l'un des plus faibles de la zone euro. C'est sur ce constat qu'il nous faut débattre si nous voulons résoudre l'équation.

La dégradation de notre industrie tient à d'autres facteurs, parmi lesquels la dichotomie de notre secteur industriel entre, d'un côté, de grands groupes très internationalisés qui jouent de moins en moins de rôle moteur pour l'économie nationale et, de l'autre, une myriade de petites et moyennes industries enfermées dans des relations de sous-traitance où la discussion sur les prix prime celle de la qualité et du contenu en innovation des produits proposés.

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