Madame la présidente, monsieur le ministre, chers collègues, je le répète : la loi de programmation des finances publiques nous engage dans une véritable épopée. Elle nous engage à réduire la dette de 50 à 60 milliards d'euros en quelques années – en quatre ans seulement – après la baisse de 30 milliards en 2013. Cela représente au total 30 % du budget de l'État, un défi digne des travaux d'Hercule. C'est à peine imaginable ! Est-ce atteignable ?
Bien entendu, tout cela n'est qu'une formalité pour celles et ceux qui s'imaginent que la dépense de l'État n'est que gaspillage, ou se réfugient derrière le slogan du train de vie de l'État. Tout le monde est d'accord pour réduire les gaspillages. Mais de quoi parle-t-on ? Les gaspillages des uns sont parfois les nécessités des autres.
À écouter les propos tenus ces derniers temps par les élus de l'opposition, on voit bien, à travers leurs critiques, quelques pistes de réductions de dépenses. Pas de prime de rentrée scolaire : voilà bien une politique de gaspillage – du moins aux yeux de l'opposition – qui pourrait permettre d'économiser 372 millions d'euros. Pas d'augmentation du SMIC : voilà 30 millions d'euros économisés, non sur le budget de l'État mais sur celui des entreprises, mais qu'il faudrait bien compenser, dans la logique libérale bien connue. La suppression du forfait sur l'aide médicale d'État permettrait aussi une économie de 6 millions d'euros. Mais tout cela ne permet pas d'aller très loin : il faudrait alors reprendre la purge de fonctionnaires, et abroger le projet de l'actuelle majorité en faveur de l'éducation, de la justice et de la police, ce qui peut représenter 2,5 milliards d'euros par an. Cependant, cette économie de 2,5 milliards serait immédiatement mangée par les 4,5 milliards d'euros de dépenses résultant de l'exonération de cotisations sur les heures supplémentaires, que l'opposition devrait normalement restaurer si elle était au pouvoir !
Bref : on est loin des 50 milliards d'euros d'économies à réaliser sur la séquence, ou même des 60 milliards si l'on inclut les nécessités du CICE. Ce sera, évidemment, un peu plus difficile tous les ans, car on taillera toujours un peu plus dans l'os.
Il y a un instant, M. Mariton demandait davantage d'économies.