Intervention de Philippe Gomes

Séance en hémicycle du 27 octobre 2015 à 21h30
Projet de loi de finances pour 2016 — Recherche et enseignement supérieur

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Gomes :

Madame la présidente, monsieur le secrétaire d’État, monsieur le président de la commission, messieurs les rapporteurs spéciaux, mesdames, messieurs les rapporteurs pour avis, mes chers collègues, les crédits pour la connaissance, la jeunesse, l’avenir et la compétitivité : voilà ce que nous devrions trouver dans cette mission consacrée à la recherche et à l’enseignement supérieur. Malheureusement, il n’en est rien et l’absence de ministre exclusif à ce poste pendant plusieurs mois témoigne du peu d’importance que le Gouvernement attache à ces enjeux pourtant cruciaux.

Année après année, le budget de la mission « Recherche et enseignement supérieur » est un aveu d’impuissance pour cette majorité.

C’est d’abord l’échec de nombreux étudiants en première année qui nous fait douter de la pertinence du système en place.

C’est ensuite la difficulté de beaucoup de diplômés à trouver rapidement un emploi qui témoigne de l’inadéquation des formations, dans de trop nombreux domaines, aux besoins des entreprises.

C’est enfin l’absence de choix stratégiques de long terme, en matière de recherche, qui entrave toute vision et toute impulsion en direction de l’innovation.

En ce qui concerne la recherche, le bilan établi par mon collègue Franck Reynier, rapporteur pour avis de la commission des affaires économiques, bilan partagé sur les bancs du groupe UDI, est très décevant.

En effet, la France connaît un retard grandissant par rapport à ses partenaires étrangers, en matière notamment de financement de la recherche sur projets. L’Agence nationale de la recherche, principal opérateur du financement de la recherche sur projets en France, voit certes ses crédits reconduits en 2016, mais sa situation budgétaire n’en demeure pas moins délicate eu égard aux deux baisses de crédits consécutives dont elle a fait l’objet en 2014 et en 2015.

La question du renouvellement de l’emploi scientifique et du recrutement des jeunes chercheurs nous inquiète également puisque c’est la permanence des savoirs et des compétences qui est en jeu et, de ce fait, le rayonnement et la compétitivité de la France.

Le budget que nous examinons aujourd’hui ne donne que peu de perspectives d’embauche aux jeunes chercheurs et risque de décourager les candidats au doctorat. Les recrutements à l’INSERM et au CNRS ont baissé de 40 % en 2015 et une diminution de 22 % nous est annoncée pour 2016.

Le budget ne correspond pas non plus aux attentes qui ont été placées dans les secteurs en développement tels que le numérique. Au moment où ces filières connaissent une croissance exponentielle, la France pourrait disposer avec ses organismes de recherche – je pense notamment à l’Institut national de recherche en informatique et en automatique – d’un atout de premier plan. Or rien n’est fait pour aider ces instituts à développer des programmes de recherche transversaux ou pluridisciplinaires, qui pourtant sont la clé d’innovations et de progrès dans les années à venir.

Avec plus de 15 milliards d’euros de dépenses pour 2016, l’enseignement supérieur occupe une place considérable dans notre pays. Cependant une politique, quelle qu’elle soit, ne peut se résumer au déploiement de moyens. La qualité de la formation, le taux d’insertion sur le marché du travail, la capacité à participer à l’effort de recherche : voilà sur quoi doit être évalué l’enseignement supérieur.

Or force est de constater que la France n’est plus, dans ce domaine comme dans d’autres, tout à fait dans la course : il suffit de regarder le fameux classement de Shanghai dans lequel nos universités et nos grandes écoles, hélas, font pâle figure.

Certes, les budgets augmentent, mais ai-je besoin de rappeler que les universités font face à une hausse du nombre d’étudiants ? À la rentrée 2015, elles ont ainsi accueilli 40 000 étudiants supplémentaires, si l’on fait abstraction des inscriptions à l’université des élèves des classes préparatoires aux grandes écoles, après une hausse de 30 000 étudiants en 2014. Les établissements d’enseignement supérieur doivent donc fonctionner avec des dotations toujours plus resserrées.

Enfin, le groupe UDI dénonce les rétropédalages du Gouvernement autour des bourses au mérite. En juillet dernier, le ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche tentait de suspendre le dispositif de l’aide au mérite, le jugeant « peu efficace ». Après la mobilisation de la société civile et de nombreux parlementaires sur ces bancs, Mme la ministre est revenue sur le dispositif mais le montant de la bourse s’effondre. Ainsi, au lieu de percevoir 1 800 euros, comme leurs prédécesseurs, les futurs bacheliers ne recevront plus que 900 euros par an. C’est, encore une fois, le mérite républicain que ce gouvernement écorche.

Ces mauvais choix, cette absence de cap et d’ambition conduisent le groupe UDI à voter contre ce projet de budget.

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