Intervention de Pouria Amirshahi

Séance en hémicycle du 28 octobre 2015 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2016 — Mission aide publique au développement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPouria Amirshahi :

Je souhaite saluer les amendements proposant de renforcer nos capacités en investissement. Je parle d’investissement parce que la question des dons prête souvent à polémique ou à des accusations de gaspillage de l’argent public : or il n’en est rien. Nos capacités d’investissement déterminent nos possibilités de renforcement de la solidarité internationale ; elles nous permettent d’assurer et de préserver un monde meilleur, souvent un monde voisin – particulièrement au sud de la France, en Afrique –, mais pas uniquement.

Tout en soutenant les démarches et les amendements permettant de renforcer le budget de l’aide publique au développement, dans le droit fil de ce qu’a dit la présidente de la commission des affaires étrangères, je souhaite insister sur un point.

S’il ne faut certes pas opposer les dons et les prêts, nous devons tout de même avoir un débat de fond – je profite de ce débat dans l’hémicycle, car il concerne souvent les parlementaires membres de la commission des affaires étrangères. Il y a besoin pour nous de renforcer nos capacités d’investissement et, par conséquent, de dons.

Plutôt que de nous poser la question des 0,7 %, posons-nous la question du montant total que l’on est prêt à accorder en aides directes à notre politique d’investissements et de dons : c’est pour nous une question d’indépendance et de stratégie. Les Britanniques l’ont fait dès 2009 en décidant d’honorer leur parole non pas à 0,7 %, comme ils s’y étaient engagés, mais à 1 milliard en investissements directs, ce qui leur a donné beaucoup plus de marge de manoeuvre.

Par ailleurs, la question des prêts est sous-tendue par une logique bancaire, dont on peut estimer qu’elle peut être efficace quand elle est contrôlée et encadrée. Mais elle génère parfois des effets néfastes, négatifs et inattendus, par exemple lorsqu’un dispositif de prêts se révèle in fine bénéficiaire grâce aux retours de prêts, ne serait-ce que par le remboursement des taux d’intérêt, pour des montants supérieurs à ce que nous accordons nous-mêmes en dons.

Enfin, il y a parfois un effet pervers consistant à accorder des prêts à des pays qui ne peuvent pas rembourser, ce qui les place dans un état de dépendance, alors que nous donnons dans des projets à des pays – je pense à la Chine, mais ce n’est pas le seul – qui, même si ces projets sont de qualité, ont objectivement des capacités d’investissement propres.

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