Intervention de Frédéric Reiss

Séance en hémicycle du 28 octobre 2015 à 21h30
Projet de loi de finances pour 2016 — Enseignement scolaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrédéric Reiss :

Madame la présidente, madame la ministre, monsieur le président de la commission, mes chers collègues, le budget de la mission « Enseignement scolaire » est indéniablement le premier budget de l’État devant celui dédié au remboursement de la dette, lequel bénéficie actuellement de taux particulièrement bas. Il n’en reste pas moins que, globalement, l’état de nos finances publiques s’aggrave, le Gouvernement étant incapable de tenir ses engagements de réduction des dépenses.

Madame la ministre, en commission élargie, vous m’avez répondu que la France consacre à l’enseignement scolaire la même part de son PIB que la moyenne des pays de l’OCDE – environ 6,2 % – et je ne le conteste pas, mais si l’on se focalise sur le secondaire, notamment le lycée, nos dépenses sont largement supérieures à la moyenne de l’OCDE pour des performances bien moindres, en particulier au regard de l’intégration dans le monde du travail et du taux insupportable du chômage des jeunes.

Avec la majorité, vous avez balayé d’un revers de la main l’avertissement de la Cour des comptes qui, dans son rapport de 2013, considérait que « le ministère de l’éducation nationale ne souffre pas d’un manque de moyens budgétaires ou d’un nombre trop faibles d’enseignants mais d’une utilisation défaillante des moyens existants ». Il aurait fallu gérer autrement et privilégier la qualité à la re-création de postes.

Je ne reviendrai pas sur la réforme des rythmes scolaires, dont j’ai souligné le côté inégalitaire en commission. J’évoquerai en revanche les deux réformes du collège et des programmes qui marqueront la prochaine rentrée scolaire, censée être préparée par ce budget.

Avec votre réforme du collège, vous avez non seulement « cassé ce qui marche » – dixit un ancien ministre – mais vous avez aussi fait sortir de leurs gonds les Immortels en raison du mauvais coup porté à la langue française.

Sous prétexte d’égalité, vous supprimez les sections bilangues en classe de sixième alors qu’elles étaient un formidable accélérateur de l’enseignement des langues vivantes, de l’allemand notamment. La disparition des sections européennes est, quant à elle, vraiment regrettable !

Toujours sous prétexte d’égalité, vous instillez une dose de latin et de grec dans les enseignements pratiques interdisciplinaires, les EPI, et portez par là-même un coup fatal au patrimoine littéraire de notre pays.

Vous prônez l’égalité des chances et la mixité sociale en vous attaquant aujourd’hui à la carte scolaire. Vous dites vouloir bâtir une école plus juste qui ne laisse aucun enfant aux bords du chemin. Vous êtes une excellente ministre … de la communication.

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