Intervention de Jean-Noël Carpentier

Séance en hémicycle du 28 octobre 2015 à 21h30
Projet de loi de finances pour 2016 — Enseignement scolaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Noël Carpentier :

Madame la présidente, madame la ministre, chers collègues, au nom du groupe radical, républicain, démocrate et progressiste, je veux exprimer ma satisfaction de voir les crédits consacrés à l’école augmenter, cette année encore. L’opposition, qui avait, en son temps, supprimé la formation des maîtres et des milliers de postes d’enseignants, aura beau critiquer ce budget, parfois d’une manière bien politicienne, et s’opposer aux différentes réformes, la réalité est bien là : rarement notre école aura fait l’objet d’autant d’attention.

L’enquête internationale menée par l’OCDE en 2012 nous avait alertés : notre pays se déclassait par rapport à ses voisins. C’était, en quelque sorte, le résultat politique de l’ancienne majorité sur les questions d’éducation. Notre système éducatif ne réduit pas assez les inégalités scolaires dues à l’origine sociale des élèves, ce qui donne des résultats globaux insuffisants, même si notre école a évidemment de belles réussites à son actif, grâce notamment à l’investissement des enseignants.

Nous avons donc besoin d’une réforme de fond. Moins de trois ans après le vote de la loi pour la refondation de l’école, l’année 2016 est une année importante. Donner la priorité au primaire, vous l’avez dit, madame la ministre, doit permettre la réussite de chaque élève, et ainsi augmenter le niveau de tous. Dorénavant, cette priorité doit mieux entrer dans le quotidien des salles de classe, se faire ressentir concrètement par les enseignants, les familles et les enfants. J’espère, par exemple, une amplification du dispositif « Plus de maîtres que de classes », une généralisation de l’accueil des enfants de moins de trois ans en zone d’éducation prioritaire, ou encore le renforcement des moyens consacrés à l’école inclusive.

À ce propos, nous savons que le fait de permettre aux enfants porteurs de handicaps d’être dans l’école profite à tous. Cela tire notre système éducatif vers le haut. Cela pousse à l’innovation pédagogique, mais aussi, et surtout, cela invite à mieux écouter chaque élève. C’est un fabuleux exercice d’humanisme que cette école inclusive.

Selon les prévisions du Gouvernement, l’accompagnement des élèves en situation de handicap devrait représenter un budget annuel de plus de 1 milliard d’euros. Or les crédits consacrés pour 2016 à ce volet sont d’un peu moins de 800 millions d’euros. Pouvez-vous, madame la ministre, nous expliquer cette différence ?

Ce budget pour 2016 a néanmoins une ambition qui est attendue par des milliers d’enfants et par leurs familles : celle de la consolidation de l’insertion professionnelle des accompagnants d’élèves en situation de handicap, les AESH. Ainsi, pour les années à venir, plusieurs milliers d’entre eux vont se voir proposer un CDI. Ce mouvement, et je m’en réjouis, se poursuivra régulièrement. Cette professionnalisation des ex-auxiliaires de vie scolaire est indispensable. Pour autant, elle ne peut être le seul levier pour rendre notre école toujours plus inclusive.

Il convient aussi de rapprocher les deux mondes de l’éducation, celui dit traditionnel et celui dit spécialisé, qui, décidément, ont bien du mal à travailler ensemble. Comment envisagez-vous, madame la ministre, de créer des collaborations durables et plus efficaces entre ces deux mondes ? Pensez-vous par exemple qu’il soit possible d’instaurer des échanges plus structurels, plus organisés, entre les instituts médico-éducatifs – IME, qui maillent bien notre territoire, et les établissements scolaires traditionnels ? De même, nous pensons que la formation des enseignants sur les questions du handicap doit être largement améliorée.

Plus généralement, sur la question de la formation des enseignants, la création des ÉSPÉ nous apparaît comme un premier pas important. Nous saluons également l’augmentation des crédits relatifs à la formation des personnels enseignants. Pour autant, l’effort doit être accentué en matière de formation continue. Les acteurs de terrain la trouvent insuffisante en quantité, mais aussi parfois, hélas, en qualité.

Concernant la refonte des programmes, plusieurs couacs se sont produits cette année à l’intérieur du ministère de l’éducation nationale. C’est regrettable, car cette question pourrait être traitée d’une manière bien plus apaisée. Ces couacs ne doivent plus se répéter, car ils nuisent au bon déroulement du débat public. Une meilleure concertation des enseignants et des parents d’élèves devrait être la règle dans le système éducatif. L’écoute des acteurs de terrain est toujours utile à l’élaboration des réformes et à leur mise en oeuvre.

S’agissant, enfin, du plan numérique pour l’éducation, si l’ambition est indéniablement là, le rythme, lui, est encore bien trop lent. Il faut équiper l’ensemble du territoire le plus rapidement possible, sans quoi nous risquons de prendre un retard important par rapport à nos voisins. Cela passe notamment par une meilleure coordination entre l’État et les collectivités territoriales, ainsi que par un encouragement plus fort à l’innovation pédagogique.

Voilà, madame la présidente, les remarques positives que le groupe RRDP voulait soumettre au débat concernant les crédits de la mission « Enseignement scolaire ». Vous l’aurez compris, madame la ministre : nous soutiendrons votre budget.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion