Madame la ministre, vous nous avez habitués, depuis 2012, à des budgets comme celui-ci, sans réduction réelle des dépenses ni aucun questionnement structurel et, bien sûr, avec une augmentation du nombre de postes d’enseignants. Vous répétez avec fierté que l’éducation nationale est le premier budget de l’État. Pour ma part, je ne pense pas que la qualité de l’enseignement se mesure au nombre de milliards qui lui sont alloués, mais plutôt à la qualité et aux résultats du système scolaire. Or, à cet égard, le tableau est malheureusement moins glorieux.
Je passe sur votre réforme du collège et sur la suppression des classes bilangues, symbole d’une réforme dogmatique. Il est toutefois surprenant que vous voyiez la hausse du nombre d’enseignants __ entre 10 000 et 12 000, semble-t-il __ comme la solution à tous les problèmes. Ce seront surtout des enseignants stagiaires, ce qui ne signifie pas forcément qu’ils seront précaires, mais ils seront, en tout cas, en attente d’un poste de titulaire.
À côté de cela, le second degré continue de souffrir de piètres résultats. Avec ce budget, son coût va encore s’envoler, alors que la Cour des comptes notait déjà qu’il était l’un des plus élevés de l’OCDE. Pendant ce temps, dans le premier degré, les enseignants continuent d’être insuffisamment payés et les fondamentaux non maîtrisés.
Avant d’atteindre l’objectif de 60 000 postes créés, il serait, selon moi, urgent de réfléchir à la qualité et à l’efficacité plutôt qu’à la quantité. C’est ce à quoi vous invite l’amendement no 90 , qui vise à réduire le nombre de créations de nouveaux emplois dans le second degré, avec un budget légèrement supérieur à la moitié de celui qui est prévu, soit 100 millions d’euros au lieu de 160, et à consacrer les crédits restants à l’inclusion des élèves en situation de handicap, domaine dans lequel je ne nie pas que des efforts aient été consentis, mais où beaucoup reste à faire.
Ces crédits pourraient également être reportés sur l’enseignement agricole. De fait, les actions « Moyens communs de l’enseignement agricole » et « Aide sociale aux élèves » sont en baisse, mais vous en parlez beaucoup moins. Cette situation inquiète pourtant à juste titre les acteurs de l’enseignement agricole, notamment les maisons familiales rurales, dont l’action mérite d’être ici saluée, mais qui, à ce rythme, auront du mal à poursuivre les chantiers qu’elles voulaient mettre en oeuvre pour l’apprentissage.