François Loncle vient de le rappeler, les crédits du programme 185 baissent de 3,6 % en 2016, pour s'établir à 718,8 millions d'euros en autorisations d'engagement et crédits de paiement. Dans un cadre budgétaire durablement contraint, certains moyens d'influence et d'attractivité sont néanmoins préservés, comme les crédits dédiés à l'animation et au soutien du réseau culturel, dont la restructuration est achevée, et les subventions aux alliances françaises. D'autres sont réduits, dans des proportions plus ou moins importantes, comme les bourses de mobilité, les échanges d'expertise ou encore les opérations d'intervention dans les domaines linguistique, culturel, universitaire et scientifique.
L'effort de réduction des dépenses publiques est largement supporté par les opérateurs, notamment l'AEFE, l'Institut français et Campus France. La diminution constante des moyens est d'autant plus inquiétante que le champ d'intervention de ces acteurs est très vaste, notamment celui de l'Institut français, qui a perdu 20 % de son budget depuis sa création en 2010. Je pense également aux établissements à autonomie financière, dont les missions ont été élargies pour servir la stratégie d'influence et la mise en oeuvre d'une diplomatie globale, et dont les dotations baissent à nouveau. Certes, l'ensemble du réseau culturel se réorganise en fonction de zones et de thématiques prioritaires pour cibler les enjeux les plus importants, certes, les acteurs accroissent leur capacité d'autofinancement, ainsi qu'ils y sont encouragés, mais les possibilités de développer des ressources propres, de trouver des cofinancements ou de lever des fonds peuvent être variables et fluctuantes. Par ailleurs, un minimum de financement public est nécessaire pour exprimer une ambition politique. Nous ne pouvons donc pas aller en deçà du niveau auquel nous sommes parvenus.
Ma première question porte sur les suites qui seront données au rapport remis par M. Jacques Attali au Président de la République, au mois d'août 2014. Intitulé La Francophonie et la francophilie, moteurs de croissance durable, il souligne le poids économique des pays francophones dans l'économie mondiale, avec 16 % du produit mondial brut et un taux de croissance de 7 %, et le potentiel de développement de la langue française, qui pourrait être parlée par plus de 750 millions de personnes à l'horizon 2050 si nous nous en donnions les moyens. Quelles recommandations du rapport peuvent d'ores et déjà être mises en oeuvre, notamment en matière de présence de l'enseignement français à l'étranger ? Et avec quels moyens ?
Ma deuxième question concerne la réduction du nombre de bureaux du livre, structures sur lesquelles s'appuient les professionnels pour développer leur capacité d'export et de projection à l'international, plus précisément la suppression du bureau du livre du Mexique. Pouvez-vous nous en préciser les raisons ? Le Mexique est, avec l'Argentine, l'un des deux pôles d'édition importants dans cette zone, et l'espagnol, deuxième langue de traduction, est en plein essor ! Pourquoi donc avoir remplacé le bureau du livre du Mexique par un bureau régional situé à Buenos Aires, censé couvrir à lui seul l'ensemble de l'Amérique latine ?
Ma dernière question concerne le projet de plateforme sécurisée d'impression à la demande, que vous avait présenté en 2014 le ministre de la culture et de la francophonie de la République de Côte d'Ivoire, M. Bandaman. Cette structure implantée en Afrique francophone permettrait d'imprimer localement et d'acheminer vers différents points de vente les livres des éditeurs français, ce qui réduirait les coûts de transport et donc le prix de vente. Tout en soutenant les librairies francophones locales, cette solution règlerait un des principaux problèmes que rencontrent les éditeurs français en Afrique. Compte tenu des enjeux stratégiques de croissance attachés à cette zone, le projet semblait assez séduisant, mais, à l'époque, il n'était pas suffisamment financé par les États d'Afrique francophone. Qu'en est-il à présent ?