Intervention de Jacques Krabal

Réunion du 28 octobre 2015 à 21h10
Commission élargie : finances - affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Krabal :

Vous connaissez l'attachement sincère des députés du groupe Radical, républicain, démocrate et progressiste à l'agriculture française, à nos paysans, à notre forêt et aux acteurs publics et privés de la sylviculture.

Je souhaite d'ailleurs associer à mes propos l'ensemble de mes collègues, je pense en particulier à Jeanine Dubié, Joël Giraud, Dominique Orliac, ou encore Jacques Moignard, pour ne citer que ceux qui s'expriment habituellement sur les sujets agricoles.

Pour notre indépendance et notre sécurité sanitaire alimentaires, pour l'animation et la vitalité de nos territoires, pour notre balance commerciale, pour l'encouragement à l'emploi enraciné localement et dans notre ruralité, nous l'avons déjà dit et répété : l'agriculture est un secteur stratégique pour la France, qui doit être remise à la place qu'elle mérite, c'est-à-dire la première.

Nous traversons une crise agricole structurelle depuis plus de vingt ans et nous connaissons des crises sectorielles aiguës et fréquentes dans le secteur des fruits et légumes ou, comme dernièrement, dans celui de l'élevage. Même si les crédits ne sont pas inscrits dans cette mission, nous tenions à vous interroger sur le plan de soutien à l'élevage. Où en sont les mesures et les engagements financiers pris par le Gouvernement et l'Europe dans le cadre de ce plan de soutien ?

Monsieur le ministre, nous saluons tous les efforts et toutes les bonnes initiatives : la loi d'avenir pour l'agriculture, le plan de soutien à l'élevage, le label France, les encouragements à l'approvisionnement local dans la restauration collective, les démarches et les logos « Fruits et légumes de France », les incitations en faveur de l'agriculture biologique, les baisses de cotisations sociales pour les éleveurs et les agriculteurs en difficulté, la structuration des filières, la négociation de la nouvelle PAC, la priorité donnée à la culture raisonnée, la baisse du coût du travail par le biais du CICE – 4 milliards d'euros d'allégement de charges –, la simplification – qu'il faudrait encore accélérer – des normes et des tâches administratives, l'encouragement de l'installation de jeunes agriculteurs pour atteindre l'objectif de 6 000 installations par an.

Ce sont de réelles avancées mais elles ne suffisent pas pour répondre à l'ampleur de la crise. Il reste des défis importants à relever. Pour rééquilibrer les filières entre l'amont et l'aval, entre la grande distribution et nos paysans, la création du médiateur et les travaux de l'observatoire des prix et des marges ne suffisent pas, ils restent démunis et déficients pour agir efficacement. Vous connaissez notre attachement aux circuits courts, et nous sommes conscients que ce n'est pas une question simple. Le très bon rapport récent de notre collègue Brigitte Allain et la brochure de soixante pages de votre ministère sur l'utilisation des plateformes collectives pour la restauration collective en témoignent. Nous nous réjouissons de cette mobilisation et de ces travaux sérieux et utiles.

À Château-Thierry et dans le Pays des portes de la Champagne, nous sommes résolument engagés dans cette direction pour l'ensemble de la restauration collective. Nous espérons qu'une grande majorité des collectivités participera à cette démarche, au profit de la qualité des produits comme de l'emploi local. À l'heure actuelle, 70 % de la viande achetée dans nos cantines est importée. Chez nos voisins européens, comme l'Allemagne, c'est l'inverse. Plusieurs fois par mois, pour nos enfants, il y a du lapin chinois dans les assiettes de certaines cantines. Comment en sommes-nos arrivés là ? Nous marchons sur la tête.

Pour rester sur le même thème, nous sommes nombreux, sur tous les bancs, à réclamer l'amélioration de la traçabilité, notamment celle des produits transformés. Monsieur le ministre, si les industriels ne parviennent pas à s'entendre, il faudra l'imposer, et vous pourrez compter sur nous pour vous y aider.

S'agissant de l'application des règles, j'ai eu des témoignages de viticulteurs champenois sur des différences d'approches entre les départements de l'Aisne et de la Marne. Pour les sociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural (SAFER) ou pour le temps de travail, par exemple, des services de l'État n'appliquent pas les règles de la même façon. Il faut imposer une harmonisation, au moins dans le cadre des nouvelles grandes régions.

Les crédits de la mission « Agriculture, alimentation, forêt et affaires rurales », que nous examinons ce soir, sont-ils à la hauteur de tous ces défis ? Ce n'est pas certain. Si nous sommes attachés au redressement budgétaire dans la justice, nous regrettons la baisse constante des crédits de cette mission.

Le Gouvernement nous indique que le budget pour 2016 traduit l'importance donnée à l'enseignement agricole, à la recherche et la sécurité sanitaire, tout en participant à l'effort de redressement des comptes publics par la modernisation.

Nous voterons les crédits de la mission, mais nous vous encourageons à poursuivre tous les efforts visant à renforcer la compétitivité de notre agriculture car, monsieur le ministre, comme l'écrivait Jean de La Fontaine dans la nouvelle Le calendrier des vieillards : « De son métier, il faut que chacun vive. » Nous souhaitons qu'il en soit ainsi pour les agriculteurs.

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