Intervention de Stéphane le Foll

Séance en hémicycle du 2 novembre 2015 à 16h00
Projet de loi de finances pour 2016 — Agriculture alimentation forêt et affaires rurales

Stéphane le Foll, ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement :

En 2014, les baisses de charges sont montées à 1,294 milliard et, en 2015, à 1,71 milliard. En 2016, elles atteindront 1,78 milliard, et nous finirons en 2017 à 1,8 milliard.

Vous proposez de réviser la PAC, mais prenez garde : pour certains, toute révision devrait se traduire par une baisse de son budget. Le Président de la République et moi-même, nous nous sommes battus pour qu’il n’en soit rien. Vous voulez faire table rase de la PAC afin de la remplacer par je ne sais quoi, mais un tel message risque d’être détourné par ceux qui ne songent qu’à réduire les crédits.

M. de Courson – et je m’accorde avec lui sur ce point – estimait à environ 20 milliards d’euros le montant cumulé des crédits européens, des aides fiscales et du budget de l’agriculture. Une telle somme permet-elle de résoudre les problèmes de l’agriculture ? Compte tenu de la crise actuelle de l’élevage, je me pose la question.

On connaît l’importance des transferts qui se sont produits de l’agriculture vers l’industrie, notamment vers les grandes industries du phytosanitaire et vers la grande distribution. Si rééquilibrage il y a, il doit se faire de manière globale.

Quand je lance le plan Écophyto II et que je mets en place des certificats d’économie de phytosanitaire, je le fais pour assigner aux entreprises qui vendent ces produits un objectif à cinq ans de baisser leurs ventes de 20 %. En effet, réduire les volumes vendus par ces entreprises revient à diminuer les charges qui pèsent sur l’agriculture. La compétitivité, il faut la chercher aussi dans les marges qui ont été transférées vers d’autres et qui doivent maintenant revenir vers les agriculteurs.

On peut toujours rajouter de l’argent, et faire croire que la seule question qui se pose est celle des normes environnementales. Mais j’attends toujours qu’on me cite une proposition concrète qui permettrait, en supprimant une norme, de gagner en compétitivité. Vous pouvez toujours chercher, madame la députée, vous ne la trouverez pas.

Mieux vaut que nous cherchions ensemble des solutions structurelles, susceptibles de réduire le montant des charges globales qui pèsent sur les agriculteurs et de faire revenir vers eux les surplus liés à la productivité agricole, qui ont été transférés vers d’autres.

Aujourd’hui, la France est le premier marché pour les phytosanitaires. Or dans ce secteur, il n’y a pas une seule entreprise française. Les firmes sont américaines, allemandes, voire suisses. Il faut croire que l’agriculture suisse est immense, puisqu’elle nous vend ses produits !

Dans cet hémicycle, quelqu’un peut-il citer une seule entreprise française de tracteurs ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion