Intervention de Claude Bartolone

Séance en hémicycle du 3 novembre 2015 à 15h00
Allocution du président du parlement panafricain et débat sur le plan urgent d'accès à l'électricité et à la lumière pour le continent africain

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaClaude Bartolone, président :

Vous présidez depuis peu le Parlement d’une union régionale qui figure parmi les partenaires privilégiés de la France et de l’Europe, et porte la voix d’un immense continent, où se dessinent autant de défis que de promesses. C’est justement une question d’avenir cruciale que nous aborderons avec vous : celle de l’accès à l’électricité en Afrique, qui se situe à l’intersection des enjeux de développement et de transition énergétique.

Vous avez mis ce sujet à l’ordre du jour des questions parlementaires africaines, et participez ainsi de la mobilisation des institutions régionales et des chefs d’État et de gouvernements de l’Union africaine. C’est aussi, vous le savez, un sujet cher à Jean-Louis Borloo, qui lui a consacré une fondation – je le salue et le félicite pour son travail. (Applaudissements.)

À quelques semaines de l’ouverture de la COP 21, il nous est apparu essentiel de vous donner la parole et d’écouter, à travers vous, les préoccupations et les propositions des sociétés africaines.

La question de la lutte contre le dérèglement climatique se pose d’une manière tout à fait singulière sur votre continent. Alors que l’Afrique ne contribue que peu aux émissions de gaz à effet de serre, elle figure parmi les premières victimes de la hausse des températures mondiales, avec des conséquences tragiques pour l’agriculture, l’alimentation et le niveau de vie des populations exposées. L’urgence d’une action forte est palpable sur tout le continent.

Ce qui est réjouissant, c’est qu’il est possible, en Afrique, de conjuguer la lutte contre le changement climatique avec les impératifs du développement économique. Si on l’envisage sous le prisme des énergies renouvelables, l’électrification du continent est emblématique.

Le chantier est gigantesque. Au moment où nous parlons, seul un quart de la population africaine a accès à l’électricité ; 650 millions de personnes sont donc privées de ce que nous considérons, ici, comme un acquis et un droit, une condition pour accéder aux soins et à l’éducation, un prérequis pour la croissance et le développement humain. Si nous n’agissons pas, cette logique d’exclusion pourrait concerner plus de1 milliard de personnes en quelques décennies.

La marge de progrès est telle qu’elle invite à investir d’emblée dans les énergies renouvelables ou à inventer des modes de croissance efficaces et sobres en consommation d’énergie. Par sa géographie et son climat, l’Afrique dispose d’atouts considérables.

Elle peut, avec l’aide de ses partenaires publics et privés, prendre un temps d’avance et devenir un laboratoire pour de nouveaux modèles énergétiques, plus intelligents et décentralisés. Elle peut montrer au monde que la transition énergétique n’est ni un frein ni un fardeau, mais, au contraire, une formidable opportunité pour la croissance.

En cette année cruciale, la France n’est pas seulement, vis-à-vis de l’Afrique, l’hôte de la COP 21. Notre pays veut être l’avocat, en Europe et dans le monde, du développement durable de l’Afrique.

Nous le voulons, par amitié et par solidarité avec des pays frères, auxquels nous lient plusieurs siècles d’histoire et, pour beaucoup, une langue en partage.

Nous le voulons car, en tant que Français et en tant qu’Européens, nous avons la conscience de nos destins liés. Seuls une mer et quelques kilomètres nous séparent. Nos économies sont de plus en plus imbriquées et nos populations de plus en plus mélangées et interconnectées.

Cette relation intime qui existe entre nos deux continents est portée par des millions d’hommes et de femmes qui, chaque jour, par leurs activités professionnelles ou leurs trajectoires personnelles, assurent le renforcement et la longévité de notre amitié. Je rends un hommage appuyé à ces ambassadeurs du quotidien.

Monsieur le président, nos parlements doivent jouer leur rôle de stimulation et de proposition, d’orientation et de contrôle, d’éveil des consciences au sein des États et dans les sociétés. C’est ce qu’a fait le Parlement panafricain en adoptant, le 7 octobre dernier, une délibération de soutien au plan d’électrification de l’Afrique et quatre recommandations.

L’Assemblée nationale vous exprime, en vous accueillant, son soutien et ses encouragements. Elle manifeste aussi sa confiance dans la capacité de l’Afrique à se constituer en moteur et en modèle dans le monde énergétique nouveau qui s’ouvre.

Monsieur le président, c’est pour moi un honneur de vous donner la parole.

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