Intervention de George Pau-Langevin

Séance en hémicycle du 3 novembre 2015 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2016 — Outre-mer

George Pau-Langevin, ministre des outre-mer :

J’ai bien compris qu’il y avait, en Guyane notamment, un sentiment d’inquiétude réel. Les entrepreneurs ont beaucoup discuté, notamment avec la préfecture, pour essayer d’obtenir des engagements de la part de l’État.

Nous devons commencer par utiliser ce qui existe. À la Martinique et, dans une moindre mesure, à la Guadeloupe, des exonérations de charges et des allégements de cotisations ont été décidés, mais sur le terrain, lorsqu’on va voir les entreprises, on s’aperçoit qu’elles ne savent souvent pas à quoi elles ont droit. Et quand elles le savent, elles n’en profitent généralement pas car elles sont incapables de monter le dossier et ne sont pas aidées. J’entends dire qu’il faut toujours en faire plus, mais il faut avant tout mettre en place un accompagnement des entreprises, notamment des plus petites, pour qu’elles puissent déjà tirer profit des exonérations et des aides existantes, qui ne sont pas totalement utilisées.

Nous voulons bien continuer dans la voie des exonérations de charges pour les entreprises, mais il faut aussi que l’État conserve des crédits pour alimenter l’investissement et la commande publique. En effet, nous parlons de territoires où, s’il n’y a pas d’effet d’entraînement généré par la commande publique, l’activité des entreprises est à la traîne. C’est pourquoi nous avons fait le choix, dans notre budget, de préserver au maximum la possibilité d’encourager l’investissement par le biais de la commande publique : sur cette politique, nous avons essayé de garder l’intégralité des crédits. De ce fait, il est vrai que l’effort budgétaire s’est concentré sur les exonérations, mais je ne vois pas pourquoi je supporterais sur mon propre budget des dépenses visant à alléger le coût du travail alors que cet objectif peut être atteint par le biais d’autres mesures que nous avons mises en place par ailleurs, dans le cadre du pacte de responsabilité. Il faut que les entreprises utilisent au mieux ce qui existe en matière d’allégement du coût du travail, notamment le CICE, sans oublier qu’elles ont intérêt à ce que nous continuions à aider leur activité.

Par ailleurs, dans un certain nombre de secteurs importants dans ces territoires, il y aura au contraire un renforcement des exonérations. Je ne sais pas comment le dire pour que cela soit entendu ! Si les gens comprennent que les exonérations seront diminuées, alors il y a un vrai problème ! Dans la plupart des secteurs qui fonctionnent, les exonérations seront renforcées.

Enfin, il est vrai qu’un certain nombre de cadres sont très compétents et gagnent très bien leur vie dans les outre-mer, mais il y a aussi beaucoup de gens diplômés qui connaissent le chômage. Par conséquent, nous souhaitons aujourd’hui permettre à des jeunes diplômés qui ont envie de revenir dans leur territoire d’origine, lequel a souvent contribué à leur formation, de trouver un emploi sur place. Dans ce vivier considérable de jeunes diplômés qui ont envie de s’investir dans les outre-mer, nous pouvons trouver des qualifications dont les entreprises ont besoin. J’espère que nous allons d’abord explorer ce vivier.

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