Comme mes collègues, madame la ministre, je vous félicite de présenter un budget stable, mais je ne peux vous cacher pour autant mes inquiétudes et ma déception devant les crédits qui nous sont alloués pour 2016.
Vous connaissez, madame la ministre, la situation de Wallis-et-Futuna. Vous savez que, pour ce qui nous concerne, ce budget ne permettra même pas de redonner espoir aux habitants. Notre territoire se vide et, régulièrement, de graves tensions surgissent. Il y a urgence ! L’incompréhension va croissant entre les habitants de nos îles et la métropole. L’eau n’est pas potable à Futuna. Il n’est plus possible de faire le tour de l’île, tant l’érosion et les cyclones ont mangé du terrain.
Madame la ministre, à la veille du sommet France-Océanie et de la COP 21, le Gouvernement ne peut pas laisser en l’état cette vitrine de la France dans le Pacifique.
Je vous demande avec insistance d’accepter de consacrer plus de 6 millions d’euros au contrat de développement conclu entre Wallis-et-Futuna et l’État. Je rappelle qu’il était initialement question de nous attribuer annuellement une dotation de 7 millions d’euros. Or, depuis la signature du contrat en 2012, la dotation annuelle a tout juste dépassé 5 millions d’euros.
Je vous demande aussi, madame la ministre, de débloquer les contrats de village, qui sont des leviers importants pour le développement de nos villages dans les districts.
Je vous demande surtout de trouver le plus rapidement possible une solution pour remplacer les opérations groupées d’aménagement foncier – OGAF. Les projets sont en cours : ne plus les financer, c’est renoncer à ce qui est déjà engagé. Il y a un désaccord entre votre ministère et celui de l’agriculture, entre vous deux et celui de la pêche. Je le comprends : vous cherchez tous à faire des économies ! Mais je vous demande de trouver entre vous un accord pour que les projets en cours aillent à leur terme. J’ai entendu les explications de vos conseillers, mais pensez-vous qu’elles soient comprises dans notre territoire ?
Madame la ministre, j’ai bon espoir quant au prochain désenclavement numérique de nos territoires. Mais les connexions électroniques ne permettront jamais de pallier l’isolement physique : d’ici dix-huit mois, nous n’aurons plus de liaisons aériennes depuis Futuna, car les avions seront réformés. Pouvez-vous nous indiquer l’état d’avancement de vos réflexions sur cette perspective ?
Madame la ministre, il y a l’image de la France – actuellement, c’est important – et la qualité de vie de nos concitoyens. Mais je vous le dis comme je le ressens : il y a aussi la paix civile, et sur nos îles, la colère monte.