Intervention de André Schneider

Séance en hémicycle du 4 novembre 2015 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2016 — Action extérieure de l'État

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAndré Schneider :

En ces temps difficiles où les conflits, les migrations, les crises ne manquent pas, nous devons être capables de tenir notre rang.

Oui, mes chers collègues, notre vieille nation doit se donner les moyens de se faire entendre. Il est primordial de permettre à notre diplomatie de rayonner. Mais hélas, monsieur le secrétaire d’État, ce n’est pas ce que j’observe en analysant votre projet de budget. Si l’on exclut le programme temporaire 341 dédié à la COP 21 et les effets de change sur les dépenses obligatoires, le budget alloué à cette mission est malheureusement en baisse, comme l’année dernière.

La dotation du programme 105 « Action de la France en Europe et dans le monde » augmente de 10 %, à l’inverse des deux autres programmes, en raison, pour partie, des coûts de plus en plus importants mais plus que nécessaires des opérations de maintien de la paix, qui ont connu un accroissement de 33,6 %. Concernant le programme 151, monsieur le secrétaire d’État, je salue l’effort entrepris, qui s’est traduit par l’augmentation des crédits de l’action 1 « Offre d’un service public de qualité aux Français de l’étranger », due en partie à la préparation des élections de 2017, et des crédits de l’action 3 « Instruction des demandes de visa » – vaste problème ! Les demandes de visas de court séjour, motivés par l’attractivité touristique de la France, augmentent d’environ 8 % par an. Il était donc urgent d’accroître les effectifs pour traiter ces demandes.

En revanche, malgré une croissance de 9 % du nombre d’élèves inscrits à l’étranger ces quatre dernières années, les crédits de l’AEFE ont baissé d’environ 7 % au cours de la même période. Monsieur le secrétaire d’État, depuis que vous êtes arrivé aux affaires, le budget global de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger est en constante diminution. C’est regrettable, car les Français de l’étranger sont d’excellents ambassadeurs de la France au quotidien.

Quant au programme 185, qui regroupe les moyens consacrés à la coopération culturelle et d’influence, au développement et à la promotion de la langue française, ses crédits diminuent de plus de 4 %. Les crédits destinés à la promotion de la langue française baissent de 3,5 millions. Or, je rappelle que le français est la sixième langue parlée dans le monde, avec plus de 220 millions de locuteurs, chiffre qui devrait en principe tripler d’ici 2050.

Ce n’est pas en réduisant les crédits que nous arriverons à un tel objectif. Monsieur le secrétaire d’État, il ne faut pas compter uniquement sur la démographie africaine pour faire vivre la francophonie, à laquelle nombre d’entre nous sont attachés. Il est urgent d’investir dans la formation, de bien accueillir les étudiants étrangers, de donner aux touristes le goût de la France.

Je rêve d’une diplomatie ambitieuse, capable de peser réellement sur les décisions du monde, une diplomatie française qui serait unanimement respectée. Je suis très gêné cette après-midi car, malgré ma bonne volonté, je n’ai pas trouvé d’éléments forts dans ce budget, qui n’a rien d’ambitieux. C’est dommage, car la diplomatie française s’appuie sur des hommes et des femmes de talent, de qualité et de conviction. Il serait important de leur apporter un réel soutien.

Monsieur le secrétaire d’État, le monde attend beaucoup de la France. Notre nation doit continuer à porter nos valeurs, celles de la démocratie, de la liberté, des droits de l’homme, de la culture et de la paix. Cependant, regardons les chiffres communiqués par la Commission européenne et le ministère des affaires étrangères : depuis l’année dernière, la France n’est plus la cinquième puissance économique mondiale, mais la sixième ; depuis 2013, son réseau diplomatique est passé de la deuxième à la troisième place, derrière ceux des États-Unis et de la Chine. Force est de constater que, depuis 2012, nous ne cessons de perdre de l’influence dans le monde.

Permettez au professeur que j’étais de demander poliment au Président de la République de bien vouloir réviser sa copie. Les crédits alloués à cette mission n’impulsent aucun nouvel élan.

Pour toutes ces raisons, le groupe Les Républicains ne votera pas ces crédits.

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