Cela fait, en trente-cinq ans, trois fois plus d’hommes et de femmes avec qui nous partagerons notre langue, hommes et femmes qui s’intéresseront à notre culture, à notre système de pensée, qui se pencheront sur nos choix démocratiques, s’interrogeront sur notre économie, notre recherche, notre éducation, notre santé, ou scruteront nos actions en matière d’environnement. Tel est le défi à relever : aider ces nouvelles populations francophones à lutter contre les inégalités, la violence et le terrorisme, rapprocher les peuples grâce à la culture et faire du livre notre ambassadeur.
L’industrie culturelle du livre est ancienne et solide. Elle pèse aujourd’hui 2,5 milliards d’euros, réalise un quart de son chiffre d’affaires à l’étranger, et les chiffres vont croissant. C’est ce potentiel de croissance du livre français dans la francophonie que nous devons valoriser – et rapidement, car d’autres ont bien l’intention de l’exploiter. Les Gaulois que nous sommes vont devoir affronter l’Oncle Sam. Ce dernier déploie des moyens très importants pour que ses auteurs soient diffusés à l’étranger, dans la volonté que le modèle américain domine toute autre forme de pensée, en particulier la pensée française. Il va jusqu’à subventionner la publication des ouvrages américains en français. D’ailleurs, les États-Unis aimeraient remplacer nos valeurs républicaines par un système « à la TAFTA » – le traité de libre-échange transatlantique – qui leur conviendrait très bien.
Nous devons donc nous donner les moyens de renforcer notre culture, notre langue et l’enseignement du français à travers la francophonie, en adaptant nos outils.
Le premier d’entre eux est le livre, qu’il soit numérique ou au format papier. Il est en plein développement à l’étranger, surtout pour ce qui concerne la bande dessinée et le livre jeunesse. Cependant, puisqu’il est édité en France, son transport coûte très cher. Ne peut-on envisager de l’éditer sur place, en créant des entreprises et en formant des salariés, de multiplier les points de vente et de diffusion et de les mettre en réseau ?
Le deuxième outil, c’est l’enseignement du français, qui est en recul. Il faut donc former des enseignants.
Enfin, de nombreux acteurs privés et publics interviennent autour du livre, dont deux ministères. Ils sont si nombreux qu’ils travaillent très peu ensemble. Il faut donc les aider à se rencontrer.