Monsieur le président, vous déplorez la déconnexion entre les aspects monétaires et économiques ainsi que l'absence de coordination des politiques économiques au sein de l'Union. Chacun a en mémoire le remarquable diagnostic, porté en 1991 par Michel Albert, qui distinguait entre capitalisme rhénan et capitalisme anglo-saxon. Les questions soulevées alors se posent de manière encore plus aiguë dans l'Europe d'aujourd'hui.
Vous envisagez la création d'une communauté de l'énergie. En ce domaine, l'Union ne s'est-elle pas trop préoccupée de concurrence intra-européenne et pas assez de concurrence mondiale ? Au nom de la libre concurrence, elle a poussé jusqu'à démanteler la gestion des infrastructures dans les transports par exemple, mettant à bas le fruit de décennies d'intégration verticale en matière de politique industrielle – quelques mois suffisent, hélas, pour détruire ce qui a pris des décennies à se construire ! De grands groupes transnationaux auraient pu servir une grande politique industrielle. Mais sans doute une certaine Europe des marchands, qui demeure très puissante au sein de l'Union, ne le voulait-elle pas.