Intervention de Nicolas Dupont-Aignan

Réunion du 12 décembre 2012 à 9h45
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Dupont-Aignan :

Monsieur le président, je vous trouve sévère avec votre créature si je puis m'exprimer ainsi. Vous faites preuve d'une grande sagesse quand vous reconnaissez que l'euro a accru la divergence des économies ou que « c'était une belle idée », – je souligne l'imparfait. Vous avez de même insisté à juste titre sur la diversité des situations démographiques, la nécessité du sur-mesure, le manque cruel d'investissements d'avenir…

Que les nations n'aient plus de prise sur ce système européen « hors sol » est la cause première des dérèglements. Ce ne sont pas de prétendus nationalismes qui sont responsables de l'échec de l'Europe. Au contraire, leur regain s'explique du fait que l'Europe s'est coupée des peuples et que le système la fait détester des Européens.

L'affaire de l'euro est tout à fait emblématique. Durant des années, on a fait croire que la situation de certains pays s'expliquait par des « folies » de leurs gouvernements. Même lorsqu'on aura effacé la dette de la Grèce, ce qui finira de fait par arriver, tout ne sera pas résolu pour ce pays, loin de là, car il ne s'agit pas seulement d'un problème de liquidités, mais bien de compétitivité. Étant donné leur productivité et leur compétitivité respectives, la Grèce et l'Allemagne ne peuvent pas avoir la même monnaie. Ce que je dis pour la Grèce vaut aussi pour le Portugal, l'Espagne, l'Italie et la France dans une certaine mesure.

Jamais l'union de transfert ne se fera car jamais le peuple allemand n'acceptera de transférer cent ou deux cents milliards d'euros par an. Et les pays du Sud de l'Europe ne pourront pas soutenir le maintien d'une monnaie unique sauf à être plongés dans un assistanat total.

Quelle issue voyez-vous pour cette monnaie unique, selon moi sur sa fin, ce qu'on se refuse à voir parce qu'on en a fait un dogme ? Pourquoi la seule Europe qu'il ne serait pas possible de construire, qui serait pourtant indispensable face à des pays comme la Chine ou le Brésil, serait-elle une Europe des nations, démocratique, avec des coopérations d'État à État à la carte, sur le modèle d'Airbus ou d'Ariane, dans tous les domaines d'avenir ? Sur ce point, le retard européen est considérable.

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