Ce budget s’inscrit également dans un contexte marqué par l’expression d’une légitime colère de la part des forces de l’ordre. Il y a quelques jours, pour la première fois depuis 1983, les policiers ont exprimé leur malaise, et même leur colère, sous les fenêtres de la garde des sceaux. Et, hier encore, les agents de la police technique et scientifique manifestaient devant l’Assemblée nationale. Ces policiers traduisent le malaise qu’ils ressentent face à la pression qu’ils subissent. Chaque jour – il faut le dire pour leur rendre hommage – ce sont 22 policiers en moyenne qui sont blessés en service.
Quelle profession pourrait accepter ces atteintes répétées à l’intégrité physique de ceux qui représentent l’autorité de la République ? Ce soir, comment ne pas penser à tous ces policiers blessés ou morts en service ? Comment ne pas penser à Yann Saillour, blessé le 5 octobre à Saint-Ouen ? Nous leur devons l’hommage et la reconnaissance de la représentation nationale.
À côté de ce risque sécuritaire qui s’accroît, à côté de ces atteintes, de ces outrages qu’ils subissent chaque jour en tant que représentants de l’autorité de la République – une autorité bien affaiblie, monsieur le ministre – ces policiers font également face à une crise migratoire inédite, qui lance un véritable défi en matière d’ordre public.
Dans ce contexte, nous aurions pu imaginer que ce budget serait celui d’une véritable rupture, pour répondre à cette situation inédite, d’une ampleur et d’une gravité exceptionnelles. Il n’en est rien, monsieur le ministre, vous le savez. Et nous regrettons que, face à cette situation exceptionnelle, vous nous présentiez un budget somme toute d’une grande banalité.
Ce budget connaît une hausse apparente, mais il suffit de se pencher sur les chiffres, comme d’autres l’ont fait, et de dissiper le brouillard savamment entretenu autour de leur réalité…