L'euro doit continuer. Depuis le début de la construction européenne, chaque fois qu'on a voulu faire un pas strictement politique, on a échoué. Il suffit de se rappeler le projet de Communauté européenne de défense (CED). L'Europe n'a jamais avancé que par l'économie, comme ce fut le cas avec la CECA, le marché commun, institué d'ailleurs sous la pression d'événements extérieurs. Souvenons-nous du contexte : la France et la Grande-Bretagne avaient participé à l'expédition de Suez, condamnées par l'Union soviétique comme par les Etats-Unis. C'est alors qu'on a décidé de faire l'Europe…
Si on n'avait pas avancé sur l'économie, où en serait-on aujourd'hui ? Mais l'économie a un inconvénient par rapport à la politique : elle pousse à l'élitisme et à la technocratie. N'allons pas croire que l'Europe était plus populaire il y a quarante ans qu'aujourd'hui. Simplement elle était alors inconnue. Après avoir critiqué la CECA, le général de Gaulle a accepté le traité de Rome et la France s'est modernisée en partie grâce à la stimulation qui en a découlé. L'économie éloigne les peuples de l'idéal européen que beaucoup disent avoir encore au coeur et le montrent d'ailleurs.