Intervention de Jean-Noël Carpentier

Séance en hémicycle du 9 novembre 2015 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2016 — Médias livre et industries culturelles

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Noël Carpentier :

Monsieur le président, madame la ministre, le budget de la mission « Médias, livre et industries culturelles » est globalement stable. Les crédits dévolus à la presse bénéficient en effet d’une enveloppe constante par rapport au budget 2015. Le programme « Livre et industries culturelles », quant à lui, progresse.

De même, les financements aux sociétés de l’audiovisuel public sont globalement stabilisés pour la période 2015-2017, même si plusieurs interrogations subsistent concernant la pérennité des financements dont France Télévisions pourrait bénéficier.

Mais au-delà des seules questions budgétaires, j’aimerais insister sur la nécessaire accélération de la mutation numérique de ce secteur stratégique pour l’économie et la démocratie dans notre pays.

Il faut hâter le pas. Concernant l’essor du numérique, pourtant inéluctable, notre pays a été trop frileux. Certains ont même perçu cette évolution indispensable comme un frein à la vitalité économique des secteurs de la presse, du livre et des industries culturelles.

Les nouvelles technologies de l’information nécessitent une refonte des modèles économiques et de la politique éditoriale. Le rôle du Gouvernement est donc d’accompagner cette mutation par une politique innovante et audacieuse.

Dans ce cadre, le secteur de la presse doit faire l’objet d’une attention particulière, notamment la presse écrite. Google l’a d’ailleurs bien compris : son fonds en faveur de l’innovation le prouve. Mais on ne peut lui déléguer cette responsabilité, qui relève de l’action des pouvoirs publics. Il faut notamment revoir l’ampleur et les modalités d’attribution du fonds stratégique public à l’innovation et, certainement, redéfinir les critères d’attribution. Il ne serait pas responsable de notre part que de laisser les géants du numérique agir seuls en ce domaine.

L’érosion rapide de la diffusion papier ne signifie pas la fin d’une presse de qualité. Le numérique peut contribuer à une bonne information et à un pluralisme renforcé. Il revient aux acteurs de la presse de faire les efforts nécessaires pour répondre à ces défis. L’État doit orienter cette évolution pour préserver le pluralisme, garant de la démocratie.

Le Gouvernement a pris des mesures positives : la TVA à 2,1 % pour la presse en ligne ainsi qu’une légère réorientation des aides directes vers l’innovation dans la presse. Il poursuit aussi son soutien à la diffusion papier de la presse avec l’aide au portage et au transport postal.

Cependant, madame la ministre, je souhaite appeler votre attention sur la tendance à la concentration dans ce secteur, en dépit de l’existence d’une multiplicité de titres. En effet, ces titres sont souvent détenus par une poignée de grands groupes qui se portent très bien financièrement. En bout de chaîne, ils sont la propriété de quelques grands actionnaires dont la presse n’est pas l’activité principale. Industrie du luxe, banque, finance, armements, télécommunications, ce sont en vérité quelques mains qui détiennent les dizaines de titres existants.

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