Intervention de Fleur Pellerin

Séance en hémicycle du 9 novembre 2015 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2016 — Culture

Fleur Pellerin, ministre de la culture et de la communication :

Monsieur le président, monsieur le président et madame la rapporteure pour avis de la commission des affaires culturelles et de l’éducation, monsieur le rapporteur spécial, mesdames, messieurs les députés, je l’ai dit tout à l’heure en introduisant les débats sur la mission « Médias, livre et industries culturelles » : alors même qu’il a engagé un effort sans précédent de redressement des comptes publics, le Gouvernement a fait le choix de la culture. Il vous invite aujourd’hui à lui donner les moyens de ses convictions en choisissant avec lui de soutenir la création et de renforcer l’accès de tous à la culture, en agissant en particulier en faveur de la jeunesse.

Il vous invite aussi à être cohérents avec les dispositions que vous avez votées pour donner une reconnaissance législative au régime de l’intermittence, élément indispensable de prise en compte de la spécificité des métiers du spectacle.

Il vous invite enfin à financer les priorités qu’il a inscrites au projet de loi relatif à la liberté de création, à l’architecture et au patrimoine, que vous avez adopté à une large majorité. La mission « Culture » du projet de loi de finances en est la traduction concrète. Pour 2016, il vous est donc proposé de la doter d’un montant de 2,75 milliards d’euros.

La première priorité du Gouvernement est de renforcer la participation de tous à la vie culturelle, en particulier pour ceux de nos concitoyens qui en sont les plus éloignés, dans tous les territoires de France. La progression de 30 % des crédits que nous affectons à la démocratisation culturelle depuis le début du quinquennat suffit à le démontrer : ils s’élèveront à près de 100 millions d’euros en 2016, contre 75 millions en 2012.

C’est à la jeunesse que nous consacrons en priorité cet effort, à travers l’éducation artistique et culturelle, qui représente plus de la moitié de nos financements en la matière – 54,6 millions d’euros, pour être précis, soit 35 % de plus qu’en 2015.

Cette augmentation des crédits vient notamment appuyer le retour de l’État dans le financement des conservatoires conventionnés, à hauteur de 8 millions d’euros, le renforcement du plan d’éducation artistique et culturelle, porté l’an prochain à 14,5 millions d’euros, pour repenser l’accès à la culture à partir des pratiques contemporaines, et le soutien à des projets emblématiques comme le dispositif d’éducation musicale et orchestrale à vocation sociale – DEMOS –, qui favorise la pratique musicale en orchestre pour des enfants résidant dans des quartiers prioritaires de la politique de la ville ou dans des zones rurales.

Nous réserverons aussi une journée à l’accueil des enfants et des publics les plus éloignés de la culture au Louvre, au musée d’Orsay et à Versailles, en leur offrant des conditions d’accueil sans équivalent, avec notamment des parcours adaptés et inédits. Ce sont soixante-cinq postes qui seront créés entre 2015 et 2016 pour accompagner cette ouverture.

Les territoires pourront compter sur le soutien de l’État pour développer l’accès de tous à la culture. De fait, les crédits en région augmenteront de 2,2 % par rapport à 2015, pour atteindre 780 millions d’euros. Les moyens consacrés aux pactes culturels, que j’ai signés avec les collectivités territoriales qui maintiennent leurs efforts en matière de culture, seront renforcés. Nous en avons déjà conclu une soixantaine, et je souhaite en signer plus encore en 2016, pour être aux côtés de toutes les collectivités qui font le choix de la culture.

La deuxième priorité du Gouvernement est de soutenir la création, dans sa diversité et son renouvellement. Sans politique d’accompagnement des artistes, il n’y a pas de politique culturelle. De fait, l’intervention de l’État en faveur de la création bénéficiera d’un budget de 400 millions d’euros, dont 365 millions pour le spectacle vivant et 35 millions pour les arts plastiques. Ces crédits sont en augmentation de 4 % par rapport à 2015.

Nous avons souhaité les affecter en priorité à la jeunesse, comme je m’y étais engagée en organisant des Assises de la jeune création. Ainsi, nous consacrerons plus de 7 millions d’euros à la mise en oeuvre des conclusions des Assises, pour financer notamment le compagnonnage artistique et l’accompagnement de tiers-lieux, le développement des résidences d’artistes et le soutien aux jeunes créateurs, via des pépinières artistiques, des ateliers de fabrication numérique ou des plates-formes de ressources en ligne.

De même, les écoles sont un creuset de la vie créative : c’est pourquoi les crédits que nous consacrons à la formation des artistes seront en hausse de 4,9 millions d’euros. Pour accompagner un recrutement plus juste et plus diversifié, cette hausse financera en particulier la mise en place de classes préparatoires aux écoles de l’enseignement supérieur culturel et l’accès aux bourses et à un logement universitaire pour les élèves de ces classes. Nous financerons aussi le passage au statut d’enseignant-chercheur dans les écoles d’architecture, qui se traduira par la création de trente postes supplémentaires.

Enfin, nous financerons à hauteur d’un million d’euros la programmation « avant les murs » du projet Médicis Clichy-Montfermeil, projet emblématique de la politique que mène le Gouvernement en faveur des arts et de la culture : hybridation des esthétiques, renouvellement de la création, accès de tous aux oeuvres et aux pratiques.

Enfin, la troisième priorité du Gouvernement est de donner à mon ministère, sur le long terme, les moyens de son ambition – en d’autres termes, de préparer l’avenir.

Préparer l’avenir, c’est accompagner la réforme territoriale en veillant à maintenir une présence efficace de l’État sur la totalité du territoire. C’est aussi le sens de la hausse des crédits alloués aux directions régionales des affaires culturelles – DRAC –, que j’évoquais plus tôt.

Préparer l’avenir, c’est aussi sécuriser les outils de financement, en particulier pour l’archéologie préventive. Pour stabiliser le financement des activités de diagnostic assurées par l’Institut national de recherches archéologiques préventives – INRAP –, le projet de loi de finances prévoit ainsi de budgétiser la redevance d’archéologie préventive : elle sera toujours acquittée par les aménageurs mais sera directement reversée au budget général de l’État. Cette réforme profitera autant aux collectivités territoriales disposant de services archéologiques agréés qu’au Fonds national d’archéologie préventive : leurs ressources seront plus claires et plus stables.

Préparer l’avenir, c’est enfin préserver les crédits consacrés aux investissements. L’an prochain, ils seront portés à 524 millions d’euros, soit 1,5 % de plus qu’en 2015.

Pour la troisième année consécutive, nous maintiendrons nos efforts en faveur des monuments historiques. Les crédits de paiement seront même en hausse de 2 millions d’euros l’an prochain, et les autorisations d’engagement portées à 338 millions d’euros. Ces crédits bénéficieront en particulier aux territoires, via les services déconcentrés.

À ces investissements pour les monuments historiques, il faut ajouter le financement de grands chantiers poursuivis ou lancés en 2016. Je pense en particulier aux archives, qui ont des besoins importants et auxquelles nous consacrerons 18 millions d’euros, à la préparation du déménagement de l’École nationale supérieure d’architecture de Marseille au sein du futur Institut méditerranéen de la ville et des territoires, au financement des schémas directeurs du château de Versailles, de celui de Fontainebleau et du Centre Pompidou, au lancement des études consacrées au relogement du Centre national des arts plastiques, au réaménagement des Ateliers Berthier, ou à la fin de la première phase du chantier de rénovation du Quadrilatère Richelieu de la Bibliothèque nationale de France, dont l’ouverture est très attendue.

Mesdames, messieurs les députés, vous l’aurez compris : pour l’accès de tous à la culture comme pour la création, nous misons en priorité sur la jeunesse, parce que miser sur la jeunesse, c’est miser sur l’avenir. L’avenir de la France est la première préoccupation du Gouvernement. Cet avenir passe par la culture : c’est l’une de ses convictions majeures. Le projet de loi de finances pour 2016 en témoigne.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion